N° 625 | Le 13 juin 2002 | Patrick Méheust | Critiques de livres (accès libre)
La médiation, dans son principe, cherche à résoudre des différends en privilégiant une approche relationnelle. Elle repose sur le pari qu’une authentique implication des parties en présence dans une négociation équitable est plus susceptible de déboucher à terme sur un accord durable qu’une solution apportée (voire imposée) de l’extérieur.
En ce sens, l’issue d’une médiation réussie est toujours le produit des seuls protagonistes en cause car le médiateur, loin de toute intention d’imposer quoi que ce soit, se contente pour sa part de faciliter les échanges dans la plus grande neutralité. C’est donc une philosophie de la participation démocratique et une réelle croyance dans les vertus du débat et de l’action citoyenne qui sous-tend l’ensemble du dispositif. Ce type de traitement des conflits intervient dans trois grands domaines que l’on a coutume de désigner par médiations pénale, sociale et familiale.
La médiation pénale a une existence officielle dans le code de procédure pénale depuis 1993. Dans le cas d’infractions mineures, le procureur peut effectivement faire appel à la médiation pour qu’une transaction « amiable » intervienne entre l’auteur d’une infraction et sa victime et éviter ainsi une condamnation pénale stigmatisante.
La médiation sociale s’intéresse quant à elle aux conflits liés à la vie quotidienne. En dehors de tout cadre réglementaire précis elle cherche, via des structures associatives le plus souvent, à traiter les difficultés qui font le charme de la vie en société : problèmes de voisinage, nuisances diverses, divagation d’animaux domestiques, etc. S’agissant des relations de proximité, le règlement des différends repose ici sur une réelle volonté des personnes concernées de sortir de la discorde qui les oppose.
Enfin, la médiation familiale vise à rechercher une solution de conciliation principalement en matière de divorce. Qu’elle soit engagée en amont ou pendant la procédure légale, le but est de formaliser des arrangements à caractère « privé » pour tout ce qui touche les questions patrimoniales mais également l’organisation future de la vie familiale (droit de visite, d’hébergement). Outre cette étude très fouillée sur les différents modes de médiation, l’ouvrage explore également la genèse et la structuration des conflits. Les faits immédiats qui amènent les personnes en médiation dissimulent souvent les ressorts profonds des différends qui les opposent.
Ceci est particulièrement vrai en matière de médiation sociale et familiale où il appartient alors au médiateur de faire émerger l’histoire vraie partagée par les acteurs sur le long terme. La médiation pénale, elle, s’avère plus simple de ce point de vue puisqu’il s’agit avant tout d’atténuer le préjudice direct d’une victime bien identifiée. Il convient de souligner le remarquable travail de « clinique » sociale réalisé par l’auteur.
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