N° 613 | Le 14 mars 2002 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
« Il n’y a pas d’acte éducatif sans les parents ». Serait-ce le principe qu’aurait décidé de graver sur son frontispice le foyer de La Verrière qui dépend de la Sauvegarde du Vaucluse ? C’est en tout cas cette orientation que son équipe éducative s’est donnée et qui nous est décrite ici. Construire un projet susceptible d’entraîner une modification positive de l’évolution du jeune doit passer par la participation active des parents : telle est la conviction qui a amené à faire de leur présence le ressort du projet institutionnel.
L’autorité de l’institution est tournée vers la réactivation de l’autorité parentale. Cela commence dès l’entretien de pré-admission : l’enfant en est le centre. La parole lui est donnée pour situer les circonstances de sa présence et ses intentions dans l’avenir proche. Mais ce sont bien ses parents qui sont présentés comme seuls aptes à prendre la décision finale de son entrée. Cette place préservée pour la famille, on la retrouve tout au long de l’année scolaire, au moment des trois RPPE (Réunion de présentation du projet éducatif) auxquelles on lui demande impérativement d’assister.
Chacun s’y exprime : le jeune d’abord, son référent ensuite, l’intervenant prescripteur aussi, qui est là pour rappeler la commande sociale (ou judiciaire). Les parents sont alors invités à réagir sur l’évolution de leur enfant et sur le projet qu’il a conçu (avec le soutien de l’équipe) et qu’il vient de présenter. L’objectif final est bien ici de compenser la carence profonde de l’estime de soi dont peuvent souffrir le jeune et sa famille et qui a pour conséquence de bloquer toute possibilité de dépassement et d’évolution positive. Pour être respecté, encore faut-il se sentir respectable. Redonner un rôle aux parents, c’est les aider à se reconstruire physiquement et psychiquement. Le respect des enfants et des parents imprègne donc tout le système de communication de l’institution.
Cette approche nécessite de la part des éducateurs l’effort d’accepter d’être contredits, sollicités quotidiennement, tout en restant capables, malgré tout de la nécessaire prise de distance. « C’est donc bien à l’éducatif de faire le lien, pour que les liens demeurent, même si la séparation physique est prononcée » (p.101). Les moyens leur en sont donnés, puisqu’ils disposent d’une heure trente par semaine et par jeune qu’ils ont en référence, pour tous les contacts avec la famille et les autres intervenants. Dès l’admission, les jeunes et leurs parents sont donc mis en situation d’être écoutés, d’écouter, d’être respectés et de respecter. Peut-on mesurer les effets d’une telle approche ? On évoquera la stabilité du personnel de l’établissement, la participation croissante aux RPPE des familles et des référents extérieurs, ainsi que la diminution des sorties par rupture en cours d’année (8 sur 16 en 1992 et 3 sur 18). psychologiques.
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Sous la direction de Michel Corbillon