N° 922 | Le 26 mars 2009 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Le bonheur de l’enfant handicapé

Maurice Ringler


éd. Dunod, 2009 (163 p. ; 19 €) | Commander ce livre

Thème : Handicapés

L’amour parental est la condition de l’existence, de la croissance et de l’épanouissement de l’enfant. Le nourrisson a besoin de se sentir aimé et de percevoir le plaisir manifesté à son contact par les adultes qui l’entourent, pour prendre confiance en lui : c’est à partir de l’affection qu’il reçoit, qu’il se perçoit comme aimable et qu’il va développer ses compétences.

Si Maurice Ringler rappelle ces mécanismes de base du petit d’homme, c’est pour préciser à quel point l’enfant porteur de handicap est confronté à des épreuves que ses congénères valides ne connaissent pas. Car la découverte de la déficience par les parents est quasiment toujours vécue comme une épreuve. Et la légitime déception qu’ils éprouvent, dès lors où elle se transforme en sentiments négatifs ou en émotions violentes, peut provoquer chez leur enfant handicapé des difficultés supplémentaires. Plus que tout autre, il a besoin d’être soutenu par un regard bienveillant et inconditionnel, condition pour qu’il ne se sente ni rejeté, ni stigmatisé. Et l’auteur de détailler les comportements adultes qui peuvent le mieux répondre aux attentes de l’enfant déficient.

En commençant par les soins d’hygiène : le bébé découvre son corps à partir de l’investissement qu’en font ses parents. Que ceux-ci, par gêne ou déni, viennent à éviter ses parties défaillantes et il aura du mal, lui-même, à les intégrer. Pour qu’il se sente complètement accepté, lui et son handicap, il est essentiel de ne pas le réduire à ses insuffisances, mais de valoriser en permanence ses forces et ses qualités. Il est un sujet unique qui ne doit pas être confondu avec ses particularités, quelles qu’elles soient. S’il souffre d’un handicap, il ne peut être identifié à lui. Avant d’être un aveugle, un sourd, un handicapé mental ou physique, il est un enfant. Plus fragile que ses congénères, il justifie d’une plus grande attention pour garantir sa sécurité. Mais la frontière est mince entre la protection et la surprotection. L’enfant souffrant d’une déficience ne doit pas être mis à l’écart des épreuves. À cet égard, la distinction est importante entre les limites (qu’il ne pourra jamais dépasser) et les difficultés (auxquels il doit se confronter).

L’objectif que doivent se fixer les éducateurs, qu’ils soient parents ou professionnels, est le même que pour tout enfant : développer son estime de soi, en lui permettant d’accéder à un sentiment de sécurité et de compétence et en favorisant chez lui une connaissance suffisante de lui-même, ainsi qu’une conscience d’appartenance à un groupe (familial, social…). Pour arriver à répondre aux mieux à ces besoins, les adultes doivent décoder les attitudes parfois spécifiques de l’enfant handicapé avec pour dessein, non de l’amener à se conforter à une quelconque image idéale de ce qu’il devrait être, mais à devenir lui-même et à trouver plaisir de vivre et de se réaliser.


Dans le même numéro