N° 752 | Le 12 mai 2005 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Jean-Pierre Rosenczveig ne se prend pas pour Dieu et ce qu’il vient de publier n’est pas une bible. Mais quand même, avec près de 1500 pages, le médiatique président du tribunal pour enfants de Bobigny nous livre une somme de connaissances tout à fait considérable. Bien sûr, ce n’est pas là le genre d’ouvrage qu’on emmène sur la plage (à moins de l’utiliser comme haltère : il fait deux kilos). Mais on peut le garder à portée de main, comme référence, comme document ressource. L’auteur propose une présentation tout à fait limpide du cadre institutionnel du dispositif de protection de l’enfance qui n’est réputé ni pour sa simplicité, ni pour sa clarté.
L’ouvrage est structuré autour de cinq sections : la protection familiale (la famille comme premier acteur de protection de l’enfant, mais une famille en liberté surveillée), la protection médico-sociale (promotion de la santé, mais aussi dispositif en direction de l’enfance porteuse de handicap), la protection administrative (le rôle de l’aide sociale à l’enfance), la protection judiciaire (le tribunal pour enfants face à la délinquance des mineurs et à l’enfance en danger) et enfin, le statut personnel de l’enfant (enfant sujet, enfant objet, les droits de l’enfant). Chaque paragraphe est numéroté (comme les codes : civil, pénal…), ce qui permet de retrouver facilement l’information recherchée, un index de mots clés de 23 pages constituant un outil des plus pratiques pour y parvenir.
Le texte fourmille de références juridiques, de jurisprudences, d’informations, de tableaux, de statistiques, d’exemples qui donnent une photographie assez complète du dispositif à un moment donné. Certes, la frénésie qui semble agiter la classe politique et qui aboutit à la multiplication des réformes dans ce domaine, peut faire craindre que l’actualité d’un tel ouvrage soit assez vite écornée. Mais outre que ce qui est décrit ici risque peu d’être brusquement remanié de fond en comble, les professionnels avisés sauront rectifier par eux-mêmes ce qui aura été modifié. Le plaisir qu’on peut prendre à lire un tel ouvrage, c’est le style dans lequel il est écrit.
Ce n’est ni un manuel de droit plein de rigueur, mais aussi d’ennui, ni des chroniques reprenant les propos oiseux du café du commerce. Rosenczveig fait du Rosenczveig : dense, informé, passionné, mordant, ironique. On trouve là des données objectives mâtinées de considérations que le fringant magistrat nous livre, fort de son expérience et de sa longue pratique professionnelle, associative et éditoriale. Un ouvrage à se procurer donc sans grand risque d’être déçu !
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