N° 1300 | Le 7 septembre 2021 | Critiques de livres (accès libre)
Paradis perdu
Plonger dans l’univers de Mobou, cet enfant pygmée de 10 ans, c’est d’abord le suivre dans ses escapades au cœur de la forêt grouillante de vie et de danger où lui et sa tribu sont installés. C’est faire connaissance avec Kòkòkò, la grenouille aquatique ou le Calao bec étrange recourbé et jaune Kémà le singe. C’est aussi se méfier du potamochère, ce cochon sauvage qui renverse tout sur son passage. C’est partir à la chasse en prenant bien soin d’imbiber ses flèches de strophantus, ce poison mortel qui tue sur le coup ses proies. C’est se désaltérer avec la liane à eau qu’il suffit d’inciser pour boire le liquide qui en sort ou déguster ces chenilles grillées qu’on a bien pris soin d’emporter avec soi. Mais, quand ce paradis est menacé par les bucherons travaillant pour le programme national de déboisement, la mobilisation s’impose. Pas par la violence. Il suffit juste d’utiliser les ressources du massif forestier tropical pour les faire fuir. Cette fable ne fait pas que nous plonger dans un univers féérique. Elle nous confronte aussi à un processus de civilisation qui massacre tout sur son passage.
Jacques Trémintin
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