N° 1135 | Le 20 février 2014 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Ancien instituteur devenu auteur pour la jeunesse, Michel Piquemal a écrit trois petites nouvelles poignantes autant que réalistes. Elles ne se situent pas dans nos contrées, mais ont pour héros des enfants vivant dans le tiers-monde.
C’est le jeune Paco contraint à un travail d’esclave dans une mine colombienne, pour payer la dette contractée par son père décédé. Confronté à la cruauté des adultes, il ne rêve que d’une chose : s’enfuir. Il le sait : s’il ne s’échappe pas très vite, c’est la mort qui va le cueillir par épuisement ou par mauvais traitements. Mais dehors, c’est la rue avec ses dangers et son insécurité que connaît bien Estéban, l’un des multiples enfants errant le jour, dormant sous de vieux cartons la nuit et tentant d’oublier leur misère en sniffant de la colle dans un sac en plastique. Le Refuge, ce centre qui accueille des mômes comme lui, il le connaît bien.
Mais il n’a jamais voulu y entrer. Il va lui être pourtant nécessaire d’aller y chercher de l’aide, se trouvant alors confronté au choix d’avoir à y rester ou rejoindre ses amis d’infortune devenus sa vraie famille. Survivre dans la rue, c’est aussi faire face à la faim. Mario en sait quelque chose, lui qui tente chaque jour de trouver de quoi se nourrir à Rio de Janeiro. Il va constater, une fois de plus, que si les adultes tolèrent le danger quotidien vécu par ces enfants abandonnés qui peuplent leur ville, ils n’hésitent pas un seul instant à les considérer comme de dangereux délinquants quand ils se transforment en voleur de pommes. Nos contrées ont connu les mêmes horreurs décrites par Charles Dickens, au XIXe siècle.
A travers ces récits, on mesure quand même les progrès considérables de la protection de l’enfance acquis de haute lutte et les risques pesant sur elle quand le néolibéralisme prétend vouloir réduire l’État providence, les résultats prévisibles étant bien décrits dans ce livre.
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