N° 877 | Le 20 mars 2008 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Logement et cohésion sociale

Didier Vanoni & Christophe Robert


éd. La Découverte, 2007 (235 p. ; 25 €) | Commander ce livre

Thème : Logement

La société française est malade du logement. Ce n’est pas un phénomène temporaire, mais une pathologie chronique. De plus en plus de problèmes sociaux trouvent leur origine ou leur aggravation dans les mauvaises conditions d’hébergement. Les auteurs dressent un diagnostic particulièrement clair et précis de cette réalité. L’état des lieux est limpide. A un bout de la problématique, 100 000 personnes ont recours à l’hébergement d’urgence auxquelles se rajoutent près de 975 000 autres qui sont hébergées chez des tiers ou logent dans des locaux détournés de leur usage initial (cave, garage, grenier, escaliers de secours, caravanes, cabanes, véhicules divers…), sans oublier les clients d’hôtels ou de meublés.

A l’autre bout, plus de trois millions de personnes qui bénéficient de conditions de logement ne satisfaisant pas aux conditions d’habitabilité minimale ou qui pâtissent d’un environnement dégradé. Si donc plus de 3,2 millions de personnes souffrent du mal logement, six millions d’autres sont en grande précarité (impayés de loyer, procédures d’expulsion, surpeuplement…). Cette situation fortement dégradée est directement à relier à un déficit récurrent de 800 000 logements. Des programmes de construction ont bien été lancés. Non seulement ils ne répondent pas à la demande (au rythme du nombre d’unités sorties annuellement, il faudrait vingt ans pour combler l’insuffisance constatée), mais le coût des offres proposées par le marché de l’immobilier est pour l’essentiel inaccessible à la majorité des demandeurs.

On se trouve donc face à un mouvement de ciseau qui s’avère fatal : les capacités budgétaires des ménages plombent vers le bas, quand les exigences financières pour se loger aspirent vers le haut. L’aggravation des conditions d’accès aux APL n’a fait qu’alourdir encore les possibilités de logement : en 1977, un ménage de deux personnes pouvait bénéficier de ces aides avec des revenus allant jusqu’à 2,4 fois le SMIC. Le plafond n’est plus aujourd’hui que d’1,1 SMIC. De récentes mesures d’économies viennent encore d’exclure 200 000 ménages. La chaîne du logement se trouve totalement engorgée. L’accès à un logement neuf ou ancien est tellement onéreux que les familles ne peuvent sortir du secteur de l’hébergement social. Cette absence de rotation bloque toute possibilité pour les personnes issues des CHRS qui, à leur tour, ne peuvent plus accueillir les personnes prises en charge dans les foyers d’urgence.

Les auteurs ne se contentent pas de constats terribles et pessimistes. Ils proposent des solutions. Ils en appellent à la régulation de la sphère publique, et ce, dans deux directions. D’abord la construction massive de logements accessibles à la plupart des ménages. Ensuite, leur meilleure répartition géographique entre les communes, afin d’éviter les effets de ghetto.


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