N° 1155 | Le 22 janvier 2015 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Que d’idées reçues sur une justice qui négligerait les victimes et cajolerait les délinquants dans des prisons trois étoiles. Heureusement, des ouvrages comme celui de Philippe Laflaquière viennent combattre avec efficacité tous ces clichés, en restituant une réalité plus complexe et bien moins caricaturale. L’auteur décrit le travail fait main et au cas par cas de ces juges d’application des peines qui ont la lourde responsabilité de décider des aménagements prévus par la loi, en pesant respectivement les chances d’un homme et les risques pour la société. En dix années d’exercice à ce poste, Philippe Laflaquière a prononcé pas moins de sept cents libérations conditionnelles, dont quarante cinq concernaient des condamnations à perpétuité. Décriés, accusés de laxisme, utilisés comme bouc émissaire du réflexe sécuritaire, ces magistrats prennent le temps de la réflexion et d’une évaluation qui ne pourra jamais être exacte face au pire, comme au meilleur.
Bien sûr, il y a ces détenus qui finissent leurs jours en prison, du fait même de l’absence de toute évolution et de la persistance de leur dangerosité. Il y en a d’autres qui, ayant bénéficié de la mansuétude de la justice, récidivent violemment. Mais, pour quelques exemples malheureux, combien d’illustrations de réinsertion réussie ? Les quatorze portraits qui nous sont dressés ici en sont la meilleure démonstration. On y croise surtout des personnalités aux actes parfois les plus barbares qui, une fois leur temps d’incarcération passé, retrouvent leur place dans la société. La relation empathique et l’accompagnement bienveillant de l’auteur envers les condamnés qu’il suit n’y sont pas pour rien, lui qui leur donne son numéro de portable et continue à recevoir la visite de certains d’entre eux, longtemps après la fin de la mesure judiciaire. Démonstration, comme quoi la fermeté n’exclue nullement l’humanité.
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