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Sortir de sa zone de confort est courant pour un travailleur social car il n’est pas rare de se retrouver dans des moments cocasses qui demandent alors une grande maîtrise de soi pour contenir son calme et son sérieux. Lequel d’entre vous n’a jamais été en difficulté pour cacher le fou rire qui lui venait ?
Donc, il y a quelques jours, je m’entends prononcer calmement la phrase suivante à un jeune homme : « Mais enfin Manu (2), on ne démarre pas une scie électrique pour menacer son collègue de le découper ! ». Je me dis, ensuite, que je fais un drôle de métier et que jamais je ne me serais imaginée avoir ce genre de discussion. D’ailleurs, je ne comprends qu’après coup le fou rire de ma cheffe qui m’entend répéter cette phrase, face à l’incompréhension de Manu. Quel décalage entre le ton de ma voix et les mots qui sortent de ma bouche !
Cet épisode m’a rappelée des évènements tout aussi caustiques, j’ai donc voulu les partager avec vous.
D’abord, je me souviens d’une discussion où je réponds « Ah non, on ne remarque pas du tout la plaque vissée sur votre front, le visseur a fait du bon travail ! » à un Monsieur psychotique en plein délire et inquiet que l’intervention, qu’il aurait subi la veille, ait laissé des traces sur son visage.
Puis, je me rappelle d’une conversation surréaliste qui a eu lieu avec un couple :
« Madame Posé : Madame Machin, vous savez ce qu’il m’est arrivé cette nuit ?
Moi : non, non, dites-moi…
Mme Posé (très sérieuse) : Hé ben, l’hôtelier, il est rentré dans ma chambre, pendant que je dormais, et il m’a tiré sur le testicule !
Moi (un brin surprise et retenant le sourire qui étire mes lèvres) : Ah bon ? Vous avez un testicule ?
Madame Posé (toujours sérieuse et se tournant vers Monsieur Posé) : Mais Monsieur Posé, comment ça s’appelle déjà, je ne sais jamais comment il s’appelle ce truc ??
Monsieur Posé (blasé) : un clitoris Madame Posé, un clitoris…
Madame Posé : voilà Madame Machin, l’hôtelier, il m’a tirée sur le clitoris, le clitoris vous vous rendez compte !!!! ».
Bon… Vous vous en doutez, ici, j’assiste patiemment à l’expression d’un nouveau délire. Pourtant, je crois qu’il s’agit de l’une des seules fois où j’ai dû trouver une excuse, pour sortir de mon bureau et laisser libre court à mon hilarité.
Donc, parfois, notre travail pourrait être résumé simplement :
 Rappeler à certains les codes de bonnes conduites – « non la menace à la scie n’est pas le meilleur moyen de régler son différend avec un collègue » – ;
 Tenter de suivre certains dans leurs délires psychotiques, car les couper trop brusquement pourrait favoriser un passage à l’acte – « bien sûr, j’irai parler avec le médecin qui vous a opéré » – ;
 Savoir différer et écourter un entretien quand nous ne sommes plus en capacité de continuer – « Mme Posé, aux vues de ce que vous venez de me dire, je me renseignerai sur cet hôtelier et vous en ferai un retour à notre prochain rendez-vous »
En somme, la seule réflexion qui peut conclure ce billet est : « qu’est-ce qu’on est mal payé mais qu’est-ce qu’on rigole » (3) !!!

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(1) Gaston sort de ce corps ! (2) Ici le prénom est bien évidemment modifié et quoi de mieux que de mettre celui de notre cher président ! (3) Expression piquée à l’un de mes collègues, CF Vulgarités de départ  !