Marseille : des Gaulois de toutes les couleurs
Une femme de chambre en grève pose sous l’affiche d’un promoteur immobilier. Une danseuse de cabaret Raï fixe fièrement l’objectif dans une cuisine éclairée au néon. Un bulldozer détruit une tour de la cité des Créneaux, tandis que la tour Zaha Hadid se dresse au loin sur le front de mer. À Marseille, la photographe Yohanne Lamoulère a choisi son camp, les quartiers nord, où elle vit depuis 2009. Son Rolleiflex s’attache à ses obsessions photographiques : les jeunes, les quartiers, le déterminisme social et la capacité de certains à y échapper.
Son regard inspiré de la tradition documentaire s’expose au théâtre du Merlan jusqu’au 11 février. La sélection appartient au projet La France vue d’ici, porté par le festival Images singulières de Sète, en partenariat avec Mediapart. Une trentaine de photographes y donnent à voir un pays “bouleversé”, en crise. À 36 ans, l’ex Nîmoise diplômée de l’école de photo d’Arles voit d’un mauvais œil la main-basse sur Marseille des promoteurs, sous prétexte de rénovation. Elle se dépêche donc de photographier ce Marseille qui lui rappelle sa vie, sa mère algérienne, son père français, son bout d’adolescence aux Comores… Ce parcours qui lui semble si naturel et lui fait dire : « Mes Gaulois sont de toutes les couleurs. »
Main-basse sur Marseille, exposition au Théâtre du Merlan jusqu’au 11 février