N° 985 | Le 16 septembre 2010 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Poète et écrivain, conteur et auteur de chansons, conférencier et intervenant dans les écoles d’éducateurs, Serge Heughebaert a aussi dirigé plusieurs foyers d’enfants, avant de créer les Ateliers d’Art Vif, à Bienne. C’est à partir de cette longue expérience qu’il met en scène une fiction dont l’un des héros n’est autre qu’un hôpital psychiatrique. Dès les premières lignes, on est happé par le style et l’écriture. Les portraits sont ciselés. La psychologie des personnages est saisie au scalpel. Le scénario se déroule, entraînant le lecteur dans un récit jubilatoire. Ce roman, c’est d’abord l’histoire de Jean-Marie, jeune psychopathe dont la main échappe à sa volonté, faisant ce qu’elle veut et parfois ce que son propriétaire ne veut pas.
Mais c’est aussi l’histoire du ci-devant docteur François Joseph Stadanal, médecin chef psychiatre, chef suprême qui sait tout, qui décide de tout et a raison sur tout, incapable d’échanger mais préparé très jeune à dominer. On n’aura garde d’oublier Marie-Josèphe, jeune infirmière, à peine nubile, à qui nombre de soignants reprochent sa trop grande proximité avec les malades, sans doute par dépit de n’avoir pas pu profiter eux-mêmes de ce rapprochement. Et puis, il y a le père Jacques, la calotte chantante, qui ne pense pas exclusivement qu’à Dieu. Très vite, tout ce petit monde va se trouver pris, avec bien d’autres personnages encore, dans un véritable maelström où se mêleront bientôt un président de la République de petite taille, prêt à surfer sur n’importe quel fait divers pour justifier son hyperactivité, un pape Benoît XVI et même un Johnny Hallyday, dont on se demande ce qu’il vient faire là. Un véritable feu d’artifice débridé qui confine au surréalisme… Jusqu’à ce que la chute finale, que nous ne révélerons pas ici, réunisse les morceaux du puzzle. Un récit drôle et mouvementé qui articule le piquant et la tendresse.
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