N° 953 | Le 10 décembre 2009 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
La présentation de la proposition de loi de légalisation de l’euthanasie permet de mesurer la progression de cette revendication, dans la classe politique. Son rejet par une majorité de députés, le 24 novembre 2009, montre le divorce entre le législateur et une opinion publique pourtant largement acquise (en 2008, 87 % des Français s’y déclarant favorable).
Nombreux sont les arguments qui s’opposent à ce « droit », l’assimilant à un meurtre. L’avocat Gilles Antonowics en est, quant à lui, un fervent partisan. Il nous fait le récit du destin tragique d’Hervé Pierra, ce jeune homme qui, après une tentative de suicide, plongea dans un coma végétatif, huit années durant. Le bel adolescent blond devint très vite un corps recroquevillé en position fœtale, secoué régulièrement de brutales convulsions, les pieds tordus et les doigts crispés, expectorant violemment quand on lui changeait sa canule.
C’est progressivement que ses parents acquièrent la conviction de la nécessité de libérer leur fils du poids de son destin. Le vote de la loi Léonetti leur ouvre une opportunité : ils demandent à ce que l’on mette fin à cette obstination déraisonnable. L’équipe médicale s’y oppose. Il faudra la nomination d’un médiateur, pour la convaincre. L’alimentation artificielle est arrêtée. Mais elle refusera toute sédation, pourtant prévue par la loi, provoquant l’agonie d’Hervé, son corps ne cessant d’être secoué, pendant six longs jours, comme s’il recevait des décharges électriques.
Respecter la vie, c’est lui permettre de rester humaine jusqu’au bout, commente l’auteur, en évitant autant que possible qu’elle se termine dans des conditions dégradantes. Il ne s’agit pas d’être pour ou contre l’euthanasie, mais de laisser le choix à chacun : « La vie n’appartient pas à celui qui se trouve à côté du lit, mais à celui qui souffre » (p.193).
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