Nuit de la solidarité : des chiffres mais pas encore de réponse
Sans réelle surprise, le chiffre est tombé : 2 952. Il aura fallu 1 700 bénévoles et 300 professionnels pour recenser le nombre de personnes dormant à la rue à Paris, lors de la « Nuit de la solidarité » organisée du 15 au 16 février à l’initiative de la maire Anne Hidalgo. Si l’on ajoute les 672 personnes hébergées dans le cadre du plan grand froid et les 1 477 mises à l’abri du plan hiver, cela donne le chiffre de 5 101 personnes sans domicile fixe. Une simple estimation, pour la seule ville capitale, bien loin de l’annonce « d’une cinquantaine » de SDF en Île-de-France faite par le secrétaire d’État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, Julien Denormandie, fin janvier sur France Inter.
Actualiser des données datées
« Nous sommes très favorables à l’organisation de maraudes pour dénombrer les personnes sans domicile parce que les données actuelles sont datées et partielles, réagit Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre. Les chiffres du 115 ne prennent pas en compte les personnes qui ont renoncé à appeler et la dernière étude de l’Insee remonte à 2012 ». Outre l’évaluation des besoins, le militant veut croire au pouvoir de la mobilisation citoyenne. « Pour toutes ces personnes qui ont sillonné les rues à la rencontre de SDF entre 22 heures et une heure du matin, la prise de conscience peut être utile pour mettre la pression aux politiques dans la lutte contre le sans abrisme ».
Mieux connaître les besoins
Pour l’instant, Dominique Versini, maire adjointe en charge des solidarités et de la lutte contre l’exclusion, constate simplement : « Pour accueillir tout le monde, il nous manque bien 3 000 places pérennes. » Au-delà du chiffre, les raisons pour lesquelles les sans-abri rencontrés pendant cette nuit glaciale renoncent à appeler le 115 restent floues. Manque de places ? Insécurité des hébergements d’urgence ? Les questionnaires censés apporter une connaissance plus fine de cette population n’ont été que partiellement remplis.
Le quantitatif est un premier pas, mais une seule maraude ne permet pas d’établir la confiance nécessaire à une étude qualitative. « Il serait pertinent de réitérer cette opération deux fois par an, remarque Manuel Domergue. Et de voir comment ça se passe en été pour calibrer les réponses à apporter en s’appuyant sur des données réelles ». C’est la volonté de la ville de Metz qui organisera sa « Nuit de la solidarité » en mars.