N° 1280 | Le 29 septembre 2020 | Critiques de livres (accès libre)
Plaidoyer pro ado
La plupart des informations qui sont diffusées sur les adolescents proviennent de cas pathologiques que l’on généralise pour en faire une réalité universelle. En 2009, un sondage révélait que 80% des adultes étaient persuadés qu’ils se sentaient mal, alors que 70% d’entre eux se disaient heureux. C’est la classe d’âge qui subit le plus de clichés, de préjugés, de fantasmes, de caricatures et de moqueries. En réalité, l’adolescence n’est un temps ni de crise, ni de contestation, proclame invariablement Michel Fize dans toutes ses publications. C’est une période d’exaltation joyeuse et d’affirmation heureuse où l’on sent sourdre en soi une vie débordante de possibilités et de promesses. L’adolescent est une personne à multiples facettes qui constitue une ressource et non un problème. S’il manifeste de la résistance, de la révolte ou du ressentiment, s’il adopte des comportements boudeurs, querelleurs ou difficiles, c’est parce qu’il se heurte au rapport de domination imposé par les adultes. Trop souvent on confond son besoin d’affirmation pour quelque chose avec une opposition contre, l’afflux hormonal qui l’envahit avec un dérèglement biologique. L’auteur milite pour une dimension éducative qui rejette à la fois l’autoritarisme et le laxisme : le personnalisme. S’inspirant tant de Rogers que de Dolto, Gordon ou des méthodes actives, cette approche rejette deux postulats et s’appuie sur trois principes. Non l’âge adulte n’est pas supérieur aux autres âges de la vie, non l’enfance n’est imprégnée ni d’imperfection, ni d’immaturité. La vie est une longue chaîne de maturation sans fin, ni cassure. Oui, le petit d’homme doit bénéficier d’une considération positive, d’une confiance inconditionnelle et d’une écoute attentive. L’éducation ne doit pas chercher à fixer des limites en usant de punitions ou de récompenses, mais poser des repères et donner des références. L’adolescent ne veut pas avoir en face de lui des adultes experts et moralistes, mais modeste et faillibles. Ses besoins sont étrangers à la tutelle étroite qu’on lui impose : qu’on lui fasse confiance, qu’on favorise son autonomie, qu’on le responsabilise, qu’on les laisse expérimenter, qu’il compte aux yeux des adultes. Mais, ce qui importe avant tout c’est la qualité de la communication avec lui : c’est le dialogue qui l’aide à se structurer pas le conflit. Il est essentiel de parler avec lui plutôt que de lui parler.
Jacques trémintin
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