N° 1308 | Le 4 janvier 2022 | Par Boris Oudelet, directeur du Pôle Hébergement et Vie Sociale (Association pour l’aide aux enfants inadaptés). Tergnier 02 | Espace du lecteur (accès libre)
LE rapport d’activité est toujours un temps fort de la vie d’un établissement, d’un service. C’est un exercice introspectif, un regard objectivé porté sur l’année écoulée. Mais que dire de l’année 2020, si ce n’est qu’elle fut sans doute l’année la plus extraordinaire que la plupart d’entre nous ayons vécue. Extraordinaire en tous points, il faut le dire.
En effet, de mars 2020 à aujourd’hui d’ailleurs, il nous aura fallu, nous professionnels de l’éducation spéciale, réinventer de nouvelles modalités d’accompagnement dans un contexte sanitaire inédit devenu totalement anxiogène. Et, pour la première fois, un mot, un seul, allait nous plonger dans une expérience collective sans précédent : le CONFINEMENT. Comme un jour sans fin, la liberté d’aller et venir, d’apprécier un spectacle, une sortie entre amis, de visiter un membre de sa famille seraient prohibés pour longtemps. Il aura fallu aux équipes pluri professionnelles bien du talent pour apprendre à soutenir et entendre l’Autre autrement, rompues aux injonctions sanitaires non négociables et autre vocable : « cas contact », PCR, couvre-feu, COVID, gel hydro alcoolique, gants, masques et combinaisons de spationaute.
Conséquemment, les rapports humains en ont été profondément affectés. Il est à espérer que les « gestes barrières », qui codifient et transforment les relations humaines depuis plus d’un an maintenant, ne soient bientôt plus qu’un mauvais souvenir. Pourrons-nous alors de nouveau offrir une étreinte à celui qui cherche le réconfort ? Poser la main sur l’épaule de celui qui cherche l’apaisement ? Il est à souhaiter que toutes ces « mauvaises habitudes » qui ont balisé notre quotidien d’éducateur n’aient engendré qu’une distance physique et non affective dans la relation éducative. Faire en sorte que la distanciation « sociale » ne soit pas érigée en paradigme pour les décennies à venir. Car il est question ici du lien et de sa possible altération sur le long cours. Ce sont autant d’enjeux futurs sur lesquels nous devons engager une démarche réflexive, éthique et collective quant au devenir de nos pratiques professionnelles.
Aussi, nous retiendrons de cette expérience commune, que la solidarité et l’élan vital (si chers à Monsieur Freinet), restent les meilleurs des antidotes pour surmonter les affres que la vie parfois nous impose.
L’avenir nous appartient. Sachons-le.