N° 1327 | Le 15 novembre 2022 | Critiques de livres (accès libre)
Le refus de l’école
Il y a d’abord le constat : cette pathologie invalidante en constante augmentation qui se manifeste sous forme de tristesse, de troubles du sommeil, d’attaques de panique, de poussée suicidaire, d’hyper sensibilité, de peur du regard des autres… que l’on diagnostique sous la désignation de « phobie scolaire » ou « refus scolaire anxieux ». Il y a ensuite les évènements précipitants : un déménagement, une maladie, une séparation des parents, le décès d’un grand-parent, un conflit mineur avec un autre élève ou un enseignant. Encore, certaines des causes sous-jacentes potentielles : l’idéologie de la compétence, de la réussite à tout prix, de l’évaluation décisive, du rapport à la norme, des échéances scolaires. Enfin, non un guide de bonnes pratiques à adopter, mais des exemples de réponses apportées qui épousent la spécificité de chaque situation présentée. Voilà un ouvrage qui, sans se montrer exhaustif, décrit la problématique en partant de l’expérience de terrain de deux professionnelles en prise directe avec ces publics. Plusieurs constantes émergent. Renoncer à la culpabilisation tour à tour de l’enfant, de sa famille ou des enseignants, pour à l’inverse favoriser l’alliance thérapeutique et la confiance réciproque, la synergie et la co-construction partenariale. Respecter le rythme et la temporalité de l’élève bien différents de ceux de l’école, des parents ou des soignants. Renoncer à toute protocolisation automatique, chaque adolescent(e) se (re) construisant d’une manière à chaque fois singulière. Relativiser les notions de réussite scolaire, de progrès de la thérapie et d’effort individuel : le chemin sera simple pour les uns, compliqué pour les autres. Les quinze vignettes cliniques exposées ici viennent illustrer et concrétiser la complexité de l’accompagnement.
Jacques Trémintin
Dans le même numéro
Critiques de livres
Pauline Blum, Jean-Marc Goudet et Florence Weber (sous la direction)