N° 960 | Le 11 février 2010 | Pierre Baudain | Critiques de livres (accès libre)
François Hébert est formateur en école d’éducateurs. Docteur en linguistique, formé à l’écoute rogérienne et aux ateliers d’écritures d’Élisabeth Bing, il nous fait partager sa pratique de terrain auprès des personnes autistes et psychotiques. Ce livre est donc le fruit de nombreuses années de recherches et de pratiques pour un accompagnement spécifique auprès d’un public qui questionne, dont les messages sont souvent codés et énigmatiques. Comment s’adapter à ces personnes ? François Hébert part du principe qu’elles n’arrêtent pas de communiquer, qu’elles souhaitent souvent provoquer des effets sur nous.
Cet ouvrage propose des pistes concrètes pour le quotidien éducatif. L’éducateur se fait chercheur engagé dans une pédagogie nouvelle et dynamique. Il s’inscrit dans la lignée de ceux, qui comme Paul Fustier, pensent que l’éducateur se doit d’être créatif et énigmatique : « On joue alors à ne pas savoir, on s’intéresse du dehors à leur monde clos, on se fait alors questionneur « naïf » pour les requalifier comme sujets pensants ».
Nous devons prendre conscience que les personnes psychotiques peuvent aussi avoir besoin qu’on se mette en situation d’apprendre d’eux. Cette pratique ne se fait pas sans une démarche réfléchie et construite. Comment envisager un accompagnement avec des pistes, des objectifs bien définis qui visent à construire une véritable relation éducative ? Ainsi, pouvons-nous nous interroger sur la façon dont on s’adresse à eux. Nous sommes peut-être parfois trop intrusifs, la relation indirecte devient alors une clé pour ouvrir les portes de la communication. L’écriture est aussi : « Une autre voie pour leur donner la parole ». Quels peuvent être les intérêts de l’écriture sous la dictée, la correspondance, des ateliers d’écritures ?
Cet ouvrage riche d’expériences et d’apports théoriques nous entraîne vers ce qui sera très certainement la pratique de demain.
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