N° 1332 | Le 31 janvier 2023 | Critiques de livres (accès libre)
Non pour eux, mais avec eux
Pour l’auteur, c’est en 2002 que le travail social a changé d’orientation. Il n’est plus question qu’il sache ce que l’autre ne sait pas et qu’il agisse à sa place, mais de la lame de fond d’une participation qui unit professionnel et usager dans une humanité commune, respectueuse néanmoins de ce que chacun est dans sa complexité. Là où, auparavant, il s’agissait de prendre en charge, de socialiser et de réinsérer, ce dont il est question dorénavant c’est d’émancipation, de défense des droits et d’une rencontre entre citoyens. On ne se concentre plus sur les carences des personnes mais sur leurs compétences. On ne fait plus sans ou pour elles, mais avec elles et ensemble. Il n’est plus question d’opposer un « nous » à un « vous », posture ségrégationniste s’il en est, mais un « nous commun ». On ne doit plus commettre l’erreur si fréquente de vouloir résoudre les problèmes d’autrui, mais de l’aider à apporter ses propres solutions. Ce nouvel outil n’est toutefois pas fourni clé en main. On doit se mobiliser collectivement pour se l’approprier. C’est là un processus d’autant plus complexe et insécurisant que l’ancien et le nouveau cohabitent et se percutent autour de visions bien différentes du monde. Mettre fin au travail social infantilisant, moralisateur et normatif pour faire advenir celui qui privilégie les relations horizontales, la co-construction et la promotion des expertises d’usage passe par une mise en œuvre de plusieurs axes. Aider la personne à acquérir une estime de soi lui permettant de s’affirmer ; stimuler ses capabilités qui ne demandent qu’à se déployer ; créer un espace de confiance qui tourne le dos à la dépendance au bénéfice d’un travail collectif entre personnes porteuses de savoirs qui se nourrissent, s’articulent et se complètent mutuellement.
Jacques trémintin
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