N° 1243 | Le 22 janvier 2019 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
La qualité de l’accueil des migrants permet de mesurer la santé démocratique d’un pays. À cette aune, la France est loin d’être championne. La violence policière qui tente de décourager les flux migratoires s’intègre à une politique cherchant à invisibiliser les migrants et à expulser ceux qui se montrent trop voyants.
Au mauvais pauvre vivant passivement des allocations s’est ajouté l’épouvantail de l’envahisseur venant prendre le travail de l’européen et menacer sa culture. Tout juste tolère-t-on le réfugié politique, au détriment de celui qui quitte son pays pour des raisons économiques : est-il plus illégitime de mourir de faim que sous les coups de la répression ? Au triptyque contrôler/trier/expulser de l’État, la société civile oppose le secourir/accueillir/appartenir, considérant que le premier des droits de l’homme est l’accueil inconditionnel. Tout le monde peut à un moment devenir un juif persécuté, dont personne ne veut.
Guillaume Le Blanc avance toute une série de revendications : abolir l’interdiction du travail pour les réfugiés, création de maisons de l’hospitalité dans chaque grande ville, statut de villes refuges pour celles qui sont volontaires, réquisition des 3,3 millions de mètres carrés de locaux de bureaux inoccupés rien qu’en Île-de-France, repeuplement des villages abandonnés par les migrants volontaires… une politique digne est possible.
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