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🖋 Autoportrait de travailleur social ‱ Émilie Philippe, Ă©ducatrice de jeunes enfants, membre du collectif Pas de bĂ©bĂ©s Ă  la consigne depuis sa crĂ©ation en 2009.

Autoportrait de travailleur social. Émilie Philippe, Ă©ducatrice de jeunes enfants, membre du collectif Pas de bĂ©bĂ©s Ă  la consigne depuis sa crĂ©ation en 2009.

« J’ai choisi ce mĂ©tier car ce qui m’intĂ©ressait n’était pas seulement de m’occuper de jeunes enfants ou de leur transmettre des choses, mais de les comprendre  »


Quel mot, adjectif, associez-vous spontanĂ©ment au travail social ?

Difficile de n’en choisir qu’un seul. Empathie et patience sont venus spontanĂ©ment.


Pour quelles raisons avez-vous choisi votre mĂ©tier ?

J’ai su trĂšs jeune que je souhaitais travailler auprĂšs d’enfants mais je n’ai dĂ©couvert la raison rĂ©elle que pendant ma formation. C’est le questionnement, l’acquisition de nouvelles connaissances, la remise en question d’idĂ©es reçues et les Ă©changes avec d’autres professionnels, qui m’ont permis de comprendre qu’on choisit rarement le travail social par hasard... C’est liĂ© Ă  un vĂ©cu, comme s’il y avait quelque chose Ă  rĂ©parer, le plus souvent Ă  l’intĂ©rieur de soi



Quelle formation avez-vous suivie ?

À la fin du lycĂ©e, aprĂšs l’obtention du BAC, j’ai pensĂ© dans un premier temps m’orienter vers le mĂ©tier d’enseignant. Mais en prenant le temps de me renseigner, je me suis rendue compte que ce cursus ne formait pas Ă  la comprĂ©hension du dĂ©veloppement des enfants. Ce qui m’intĂ©ressait n’était pas seulement de m’occuper d’eux ou de leur transmettre des choses mais de les comprendre, de savoir de quoi ils avaient besoin selon leur Ăąge, quelles activitĂ©s leur proposer et pourquoi. Et il se trouve, alors que je n’y avais jamais prĂȘtĂ© attention, qu’une de mes tantes Ă©tait Ă©ducatrice de jeunes enfants (EJE). Je savais qu’elle travaillait en crĂšche mais je ne connaissais absolument pas son mĂ©tier. Et j’ai alors dĂ©couvert LA formation que je souhaitais faire. Éducateur de jeunes enfants Ă©tait pour moi, et l’est encore aujourd’hui, la formation la plus complĂšte qui existe pour accueillir et s’occuper de jeunes enfants (de la naissance Ă  sept ans), car elle comporte des cours allant de la psychologie de l’enfant, au dĂ©veloppement psychomoteur, Ă  la pĂ©dagogie active, la littĂ©rature enfantine ou encore la santé 
J’ai donc passĂ© plusieurs concours et j’ai Ă©tĂ© acceptĂ©e dans l’école du CERPE Ă  Aubervilliers. Ce fut une expĂ©rience extraordinaire avec des formateurs qui incarnaient les valeurs qu’ils portaient. J’ai autant appris en connaissances thĂ©oriques qu’humainement.


Quel est votre meilleur souvenir professionnel ?

Que c’est difficile de choisir ! Les souvenirs fusent dans ma tĂȘte entre les moments d’échange avec les parents, ceux passĂ©s avec les enfants, ou encore avec une de mes collĂšgues EJE avec qui j’ai adorĂ© travailler.
Un qui m’est venu en tĂȘte rapidement, c’est le jour oĂč j’ai rĂ©ussi Ă  convaincre les deux collĂšgues avec qui je travaillais, de mettre un toboggan dans la section. Nous Ă©tions trois Ă  travailler dans la section des petits-moyens (les enfants avaient de quatre mois Ă  deux ans) et je souhaitais Ă  tout prix proposer aux enfants un espace de motricitĂ©. L’acquisition d’un toboggan faisait peur Ă  mes collĂšgues quant aux Ă©ventuelles chutes et conflits que cela pourrait gĂ©nĂ©rer entre les enfants. Et finalement, en s’accordant sur les rĂšgles Ă  mettre en place, ce toboggan fut un succĂšs !
Je trouve que cette situation reflĂšte Ă  la fois l’importance de rĂ©flĂ©chir Ă  la mise en place d’un environnement riche et adaptĂ© aux besoins et aux capacitĂ©s des enfants, mais aussi de toute la complexitĂ© du travail d’équipe, de se remettre en question, d’accepter des idĂ©es nouvelles, de trouver un accord qui convienne Ă  tous et de dĂ©passer nos propres apprĂ©hensions pour se focaliser sur les besoins des enfants.


Le pire ?

Je crois que le plus dur a Ă©tĂ© la confrontation entre la rĂ©alitĂ© du terrain et ce que j’ai appris en formation, quand j’ai commencĂ© Ă  travailler.
J’avais bien perçu pendant mes stages que le monde de la petite enfance n’était pas tout rose mais je me suis rendue compte aprĂšs coup que j’avais Ă©tĂ© pas mal Ă©pargnĂ©e par mes tutrices.
Je suis donc arrivĂ©e sur le terrain pleine d’idĂ©es et de motivation mais j’ai rapidement compris que, mĂȘme aprĂšs un temps d’observation et d’adaptation, remettre en question des habitudes et des fonctionnements, institutionnalisĂ©s pour certains depuis plusieurs annĂ©es, Ă©tait particuliĂšrement compliquĂ©. Il y a des personnes absolument formidables qui travaillent auprĂšs des enfants, mais il y en a aussi qui pensent plus Ă  leur confort qu’aux rĂ©els besoins des enfants, c’est une rĂ©alité 
Ces dĂ©buts ont Ă©tĂ© formateurs car ils m’ont permis de me remettre en question aussi et d’amĂ©liorer mon approche et ma façon de communiquer.


Quel est votre livre de chevet ?

C’est pour ton bien : Racines de la violence dans l’Ă©ducation de l’enfant, d’Alice Miller (Éd. Aubier, 1998).



Retrouvez les précédents autoportraits

🖋 Murielle A., Ă©ducatrice spĂ©cialisĂ©e en centre d’hĂ©bergement et de rĂ©insertion sociale (CHRS)

🖋 Thierry Trontin, co-gĂ©rant de la SCOP Voyageurs-Éducateurs et d’un lieu de vie et d’accueil

🖋 Laurence, rĂ©fĂ©rente de parcours du Programme de rĂ©ussite Ă©ducative

🖋 Romain Dutter, ex-coordinateur culturel au centre pĂ©nitentiaire de Fresnes

🖋 Yazid Kherfi, mĂ©diateur tout terrain

🖋 Claude, assistante de service social en polyvalence de secteur

🖋 Autoportrait de travailleur social ‱ Patrick Norynberg, formateur consultant en politique publique, cofondateur et prĂ©sident de la RĂ©gie de quartier du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis)


Vous ĂȘtes tentĂ©s par l’exercice d’autoportrait de travailleur social ? Vous souhaitez partager votre expĂ©rience ? N’hĂ©sitez Ă  nous contacter Ă  l’adresse suivante : katia.rouff@lien-social.com