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🖋 Autoportrait de travailleur social âą LĂ©a Turchi, assistante de service social, coordinatrice Ă la mission interface au Samusocial de Paris
Autoportrait de travailleur social. LĂ©a Turchi, assistante de service social, coordinatrice Ă la mission interface au Samusocial de Paris (1).
« Ădouard Gardella qualifie les travailleurs sociaux de "funambules du tact" »
Quel mot, adjectif, associez-vous spontanément au travail social ?
« Funambule ». Jâai eu la chance de participer Ă un sĂ©minaire animĂ© par Ădouard Gardella qui qualifiait le travail social mais surtout les travailleurs sociaux de « funambules du tact ». Car nous devons « approcher sans offenser, faire dire sans soutirer, proposer sans imposer, servir sans s’asservir, quitter sans dĂ©laisser... ».
Cette approche mâa beaucoup parlĂ© sur notre positionnement en mouvement constant dans le travail social.
Pour quelles raisons avez-vous choisi votre métier ?
Je pense que jâai toujours Ă©tĂ© sensible et interrogative sur la sociĂ©tĂ©, le monde en gĂ©nĂ©ral ; je voulais mâengager dans un mĂ©tier oĂč je puisse avoir une influence sur les disparitĂ©s, les injustices. JâĂ©tais collĂ©gienne quand je me suis projetĂ©e dans le mĂ©tier dâassistante de service social.
Quelle formation avez-vous suivie ?
Ă la sortie de mon bac Ă©conomique et social, je me suis engagĂ©e dans la formation de lâĂ©cole rĂ©gionale dâassistants de service social (ERASS) du CHU de Toulouse-Purpan. Jâai fait un stage en service de Psychiatrie adulte, en centre de rĂ©Ă©ducation professionnelle et en polyvalence de secteur.
Quel est votre meilleur souvenir professionnel ?
Question trĂšs difficile au regard de tous les moments authentiques passĂ©s auprĂšs des personnes accompagnĂ©es. Le plus rĂ©cent est lâadmission dâun monsieur de 66 ans au sein dâune maison des Petites SĆurs des Pauvres. Un monsieur qui aprĂšs une longue vie dâerrance au sein des centres dâhĂ©bergement dâurgence, des mĂ©tros et des rues parisiennes, Ă©tait prĂȘt Ă avoir un toit car il ne souhaitait pas mourir dans la rue aprĂšs la perte dâun de ses amis de route qui lâa beaucoup marquĂ©. La maraude, lâinfirmiĂšre et la tutrice de Monsieur Ă©taient tous prĂ©sents lors de cette admission, trĂšs Ă©mouvante. Monsieur Ă©tait trĂšs reconnaissant du travail dâĂ©quipe fait autour de lui et trĂšs lucide sur tout le chemin quâil avait parcouru, lui, pour en arriver lĂ .
Le pire ?
Lorsque jâĂ©tais assistante de service social en centre dâhĂ©bergement pour demandeurs dâasile, la police aux frontiĂšres est venue sans nous prĂ©venir contrĂŽler les personnes assignĂ©es Ă rĂ©sidence en utilisant mon bureau. Jâai imaginĂ© le ressenti des personnes qui pensant entrer dans mon bureau, sont tombĂ©es sur la police aux frontiĂšres.
Quel est votre livre de chevet ?
Au cĆur des relations dâaide, de Jean-Paul Fluteau (Ăd. J. Lyon, 2010), une petite bible sur la thĂ©orie et la pratique qui me suit depuis mon entrĂ©e Ă lâĂ©cole dâassistants de service social.
(1) Une équipe mobile de coordination médico-sociale au service de la personne ùgée en précarité.
Sur le mĂȘme thĂšme
La question SDF, de Julien Damon, critique parue dans Lien Social N° 1309 (2022).
Retrouvez les précédents autoportraits
🖋 Thierry Trontin, co-gĂ©rant de la SCOP Voyageurs-Ăducateurs et dâun lieu de vie et dâaccueil
🖋 Laurence, rĂ©fĂ©rente de parcours du Programme de rĂ©ussite Ă©ducative
🖋 Romain Dutter, ex-coordinateur culturel au centre pĂ©nitentiaire de Fresnes
🖋 Yazid Kherfi, mĂ©diateur tout terrain
🖋 Claude, assistante de service social en polyvalence de secteur
🖋 Florent GuĂ©guen, directeur de la FĂ©dĂ©ration des acteurs de la solidaritĂ© (FAS)
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