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• TERRAIN - Journal de bord - Brèves de comptoir éducatives non confinées
Par Éric Jacquot, Directeur de lieu de vie et d’accueil.
Mardi 31 mars, 12h23
Pendant la crise du coronavirus et aussi avant, les éducateurs sont absents du discours politique et médiatique, ils n’existent pas, ils sont les invisibles d’un système. Ils sont pourtant au front sans masque, ni gel, un peu comme sur le toit de Tchernobyl sans protection. Ce sont les anonymes d’une société particulière fournisseur officiel de gilets jaunes.
Attention les ultras riches, il ne va pas falloir vous contenter de réparer la toiture de Notre Dame. Je ne suis pas certain que cela va suffire.
Il faudra faire les comptes après, on ne va pas pouvoir laisser passer ça.
N’y a-t-il que les paniques collectives pour redonner aux gens, un peu d’humanité ?
La veille sanitaire des bureaucrates, c’est les 35 h à la maison sur un minitel dédié en signant le formulaire A45-b2 w516 alinéa 3 du décret du 11 septembre 2001 ?
Vu le nombre d’appels, de SMS, de mails que j’ai en cette période de crise, je sais maintenant que je ne pourrai jamais être standardiste.
Bon en même temps, je fais l’éducateur avec trois enfants placés chez moi en confinement total. Je fait les courses, je suis aussi directeur, homme de ménage, veilleur de nuit, maitresse de maison, cuisinier et l’éducation nationale qui d’habitude s’empresse de foutre les gamins dont on s’occupe à la porte de leurs établissements m’inonde de mails pour les faire travailler à la maison. J’ai dû rater un épisode !
Le moment exceptionnel, c’est une seconde et après une autre.
Bas les masques où sont les masques ?
Dans une situation quand cela va trop bien, trop vite, il faut déjà se préparer au pire avant d’ouvrir le champagne.
L’origine de la maltraitance se cache souvent derrière un tableau Excel qui ignore son pouvoir de nuisance.
Il ne suffit pas de croire, encore faut-il se donner les moyens de ne pas trop y croire.
On peut décider de tout et n’arriver à rien.
Entre les effets d’annonces et la réalité, il y a nous.
Question à trois points : Quelle différence y a-t-il entre un scientifique et un technocrate ?
L’absence de masque contribue à la diffusion de la parole.
En période de COVID 19, l’abnégation est la reine des vertus mais enfin pas pour tout le monde.
La réalité, le moindre geste, la moindre des choses ne supportent pas le confinement dans un tableau Excel.
L’urgence ne se traite pas à coup de protocoles, de recommandations de sociétés de savants. Ceux qui parlent du front feraient bien d’y aller et y mètrent les mains mais pas que dans un hôpital militaire encore vide avec un masque dernière génération.
Les chiffres ne reflètent jamais une réalité, les mots sont beaucoup plus précis.
J’ai parlé à la N-1 du dircab du dispositif résilience 23HBD. Elle va convoquer le DRH dans ces prochains jours afin de définir un protocole pour évaluer un dispositif rapide de sauvetage du TITANIC.
Hier, j’ai trouvé une bouteille à la mer avec un message à l’intérieur « ici le capitaine NEMO, vous en êtes où pour la livraison des masques ? ».
Le changement c’est pour demain. Circulaire AK47COVID19, contact : demain-on- rase gratis@changer de gouv.org
Mes deux chatons apprécient cette histoire de confinement avec trois enfants de plus à la maison, c’est trois fois plus de câlins.
Le confinement est bon pour la clinique.
Aujourd’hui je leur ai fait écouter ARNO « Dans les yeux de ma mère » et après on a bossé sur le texte. Passé l’étonnement, sont venus les commentaires et les questions. On a fait la classe de la vie !
Le confinement apporte des choses concrètes sur notre façon d’être au monde.
Retrouvez tous les jours les témoignages de travailleurs sociaux en pleine crise sanitaire sous la thématique "Terrain, journal de bord" de notre rubrique Actualité.
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