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• TERRAIN - Journal de bord - Sacerdoce ou fardeau
Par Sophie Constant, assistante de service social.
25 mars, 13h51
Par ces temps qui courent, nous pensons aux soignants, médecins, caissiers … à toutes ces personnes qui sont en première ligne pour mener ce combat contre ce mal que nous ne connaissons pas.
Mon combat à moi, a été de penser à ma famille, mes enfants, mon mari… J’ai donc fui la M.E.C.S où je travaillais, pour garder mes enfants auprès de moi et profiter d’eux, sniffer du bébé….
Et pourtant, est ce que je profite aujourd’hui… ?
Une fois cette décision prise, mon amie ou ennemie, la culpabilité est venue pointer le bout de son nez et accompagne mes journées, depuis maintenant une semaine et demie… Bien grand nombre de travailleurs sociaux « à la maison » doivent avoir cette sensation désagréable, qui est mienne aujourd’hui.
Nous travailleurs de l’ombre, nous professionnels du cousu-main, nous sommes une nouvelle fois des oubliés pour ceux qui nous gouvernent. L’angle mort, comme ils disent dans les médias. Pas de moyens supplémentaires, pas de gels, pas de masques… quelques recommandations distillées … Mais là est une autre question…
Ici, je souhaite parler du fait que j’ai choisi la profession d’Assistante de Service Social et j’ai choisi encore plus de me tourner vers la protection de l’enfance. Telle une vocation, un sacerdoce, j’avais envie et j’ai toujours l’envie de revêtir ce costume qui tisse chaque jour un lien social, premier parpaing à notre humanité et à notre Société.
Pourtant, aujourd’hui, ce sacerdoce, mon sacerdoce est petit à petit en train de devenir un fardeau, en ces temps de crise. J’ai fait un choix et ce choix, j’ai l’impression aujourd’hui de « le payer… ».
La culpabilité de ne pas être auprès des familles et jeunes que j’accompagne.
La culpabilité de ne pas être auprès de ses collègues de travail.
La culpabilité de ne pas faire le travail auquel je crois.
La culpabilité que peuvent nous renvoyer certains bien-pensants et bien faisant…
La culpabilité de culpabiliser….
Est-ce que cela fait de nous « des montres d’égoïsme » d’être auprès de nos familles faute de solutions de garde… ? Est-ce que cela fait de nous des moins « bons professionnels », des professionnels qui ne s’investissement pas ... ?
J’ai choisi aujourd’hui ne pas être une Superbe-ASS, mais d’être une maman. Est-ce que cela fait de moi, de nous, de mauvais professionnel(le)s du social… ?
Il y aura un avant et après crise. Cela remue, me remue par rapport aux valeurs du travail social et aux fondamentaux auxquels je crois ….
Il faudra se relever pour se battre pour cet angle mort de la Société.
Il faudra se relever pour faire que ce sacerdoce ne soit pas un fardeau…
Retrouvez tous les jours les témoignages de travailleurs sociaux en pleine crise sanitaire sous la thématique "Terrain, journal de bord" de notre rubrique Actualité.
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