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• TERRAIN - Le droit contre l’équité

Une soixantaine de personnes étaient réunies en ce samedi 27 août, lors d’une rencontre revendicative et festive pour protester contre l’expulsion d’un tiers-lieu accueillant des sans-logis.



Réagir face à l’expulsion
La ville de Saint Nazaire aurait plus de 3 270 logements inhabités et dans ses rues, selon l’antenne locale du Droit au logement, 800 personnes sans logis. Ce que conteste la mairie qui renvoie, de toute façon, la responsabilité de l’hébergement d’urgence vers l’État. État qui détient effectivement cette compétence, gérant à cet effet le 115. 115 qui se trouve dans l’impossibilité de satisfaire toutes les demandes, étant là comme ailleurs saturé.

C’en est trop pour les associations qui accompagnent le mal-logement.
Le jeudi 25 février 2021, le Collectif Urgence Sociale-Plus Jamais Sans Toi(t) rend publique la réquisition de deux maisons voisines abandonnées depuis dix ans pour l’une et quatre ans pour l’autre, appartenant à la ville, sans qu’il n’y ait les concernant de projet immobilier immédiat. Le Centre d’Accueil et d’Hébergement d’Urgence Solidaire doté de vingt places d’accueil venait de naître, rapidement soutenu pas vingt-deux collectifs, associations, syndicats et partis.

Immédiatement, le choix est fait de rester dans le dialogue avec la mairie. Dès le 14 mars, une demande officielle lui est adressée pour négocier un bail précaire qui pourrait courir jusqu’à ce que la destination finale du bien soit défini. Il est demandé au collectif de se doter d’une identité juridique associative. Ce qu’il fait. Mais, ça ne suffit pas : il faut un modèle économique. Il le crée. Là non plus, cela ne convient pas. Rien n’y fait : tout est mis en œuvre pour faire déguerpir ces intrus, dont le seul crime est de vouloir trouver un toit pour des sans-logis.

La rupture

La municipalité décide de saisir la justice. Deux dossiers s’opposent. Celui de la Maison d’hébergement solidaire qui décrit les travaux réalisés pendant trois mois par de nombreux bénévoles pour remettre en état les pièces à vivre ; qui fait état du nombre de personnes accueillies en dix-huit mois : au 8 août, 123 d’entre elles auront bénéficié de 550 nuitées en hébergement d’urgence (une nuit renouvelable) et de 6 500 nuitées en hébergement stabilisé (un mois renouvelable) ; qui précise que toutes les institutions lui ont orienté des hommes, des femmes et des enfants à la rue : le 115 et le commissariat de police (État), les maisons de quartier et le Centre communal d’action sociale (mairie), les centres médico-sociaux (Conseil départemental) ; qui rend compte des accompagnements administratifs et sociaux réalisés par des professionnels bénévoles ; qui précise que l’accueil est inconditionnel ; qui détaille le fonctionnement et la gestion de ce tiers-lieu autogéré par les bénéficiaires et les bénévoles. En face, un seul document : le titre de propriété. Le 8 juin, le juge ordonne l’expulsion, en fixant la date au lundi 29 août.



Une des familles accueillies
La fin qui n’est qu’un autre début

C’est le week-end des 27 et 28, à la veille de la visite de l’huissier venant signifier cette évacuation, qui a été choisi pour mobiliser les bénévoles et le milieu associatif afin d’organiser la riposte. Non, en s’opposant d’une quelconque façon aux forces de l’ordre qui viendront faire exécuter la décision judiciaire, mais afin de tenter de trouver une solution pour les futurs expulsés qui n’ont cessé de solliciter le 115, en vain.



Les enfants bientôt expulsés
Les villes de Marseille ou de Rennes ont fait le choix de signer un bail précaire avec des associations gérant des lieux d’accueil pour personnes sans-logis. Pas la ville de Saint Nazaire qui pourra s’honorer d’avoir récupéré les deux maisons dont elle est la légitime propriétaire (qu’elle aura tout loisir de faire murer pour éviter toute nouvelle intrusion) … et d’avoir mis à la rue dix-neuf personnes, dont cinq enfants.

Jacques Trémintin