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🖋 Autoportrait de travailleur social ‱ Patrick Norynberg, formateur consultant en politique publique, cofondateur et prĂ©sident de la RĂ©gie de quartier du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis)

Autoportrait de travailleur social. Patrick Norynberg, formateur consultant en politique publique, cofondateur et président de la Régie de quartier du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).

«  Il fallait absolument crĂ©er ici notre propre outil pour agir plus efficacement sur l’entretien de la citĂ© et remettre au travail les personnes qui n’avaient pas d’emploi depuis trop longtemps »


Quel mot, adjectif, associez-vous spontanĂ©ment au travail social ?

Facilitateur.


Pour quelles raisons avez-vous choisi votre mĂ©tier ?

D’abord pour le goĂ»t des autres et leur valorisation, pour ce qu’ils sont et ce qu’ils font. Mais aussi pour transmettre des connaissances, des savoir-faire, des compĂ©tences et une expĂ©rience. Je conçois mon implication professionnelle et associative comme une action qui peut faciliter et contribuer Ă  l’Ă©mancipation individuelle et collective des concitoyens que j’accompagne.


Quelle formation avez-vous suivie ?

Une licence en sciences de l’Ă©ducation puis, beaucoup plus tard, j’ai obtenu le DiplĂŽme des hautes Ă©tudes des pratiques sociales (DHEPS).


Quel est votre meilleur souvenir professionnel ?

Je le dĂ©cris dans mon premier livre. J’y raconte la crĂ©ation de la RĂ©gie de quartier du Blanc-Mesnil (1) : « C’est sans aucun doute la rĂ©alisation la plus emblĂ©matique aux cĂŽtĂ©s de la maison pour tous Jean JaurĂšs. [
] Le Conseil de ville et de voisinage du quartier des Tilleuls s’est rĂ©uni un soir de tension. Le quartier venait de vivre des Ă©vĂ©nements dramatiques : fusillade, mort d’un jeune et d’une commerçante. Le choc Ă©tait terrible pour ceux qui Ă©taient venus nombreux ce soir-lĂ . Toute la rĂ©union sera consacrĂ©e Ă  Ă©couter chaque personne dire son mot, sa colĂšre, son attachement au quartier et aussi ses espoirs et ses envies pour l’avenir. Cette violence, mais Ă©galement le sentiment d’abandon comme la saletĂ© du quartier, le chĂŽmage des jeunes et des adultes Ă©taient au cƓur de la discussion passionnĂ©e. »
Ce moment date d’un peu plus de vingt ans mais il reste profondĂ©ment prĂ©sent en moi
 La mobilisation des citoyens et de leurs associations, de certains partenaires comme les bailleurs, Ă©tait rĂ©elle. Plusieurs participants sont membres du conseil d’administration de l’association RĂ©gie de quartier que nous avons crĂ©Ă©e. Elle compte aujourd’hui 43 salariĂ©s.
Comment en sommes-nous arrivĂ©s lĂ  ? Je connaissais les rĂ©gies de quartier et quelques personnes en avaient aussi entendu parler. Nous visitĂ© avec le groupe d’habitant mobilisĂ©s une rĂ©gie expĂ©rimentĂ©e Ă  Clichy-sous-Bois. Ce fut un moment fort et au retour, la dĂ©cision Ă©tait prise collectivement. Il fallait crĂ©er ici notre propre outil pour agir plus efficacement sur l’entretien de la citĂ© et remettre au travail les personnes qui n’avaient pas d’emploi depuis trop longtemps.
C’est ainsi qu’au cours de l’annĂ©e 2000, la rĂ©gie de quartier du Blanc-Mesnil est nĂ©e. Son conseil d’administration est composĂ© majoritairement d’habitants, de bailleurs, de professionnels et d’élus locaux.
La vie associative y est intense. Depuis la crĂ©ation de l’association, le bureau se rĂ©unit tous les quinze jours et le conseil d’administration trĂšs rĂ©guliĂšrement. La rĂ©gie travaille avec un rĂ©seau local emploi formation dense et extrĂȘmement dynamique. Durant le passage d’un salariĂ© en insertion dans la structure, nous veillons Ă  la qualitĂ© de l’accompagnement social. L’accĂšs Ă  un logement, aux soins, aux droits, Ă  la formation, ainsi que les temps d’information, sont au cƓur de la dĂ©marche d’accompagnement social. La convivialitĂ© au travers de sorties familiales, culturelles, atelier thĂ©Ăątre, jardinage
 permet une vĂ©ritable approche globale de l’insertion des salariĂ©s. Soixante pour cent d’entre eux sortent de la rĂ©gie avec un emploi Ă  durĂ©e indĂ©terminĂ© ou une formation qualifiante de plus de six mois ! J’ai vu des personnes se transformer totalement, retrouver le chemin du travail mais aussi celui d’une nouvelle vie sociale tout simplement

On me dit souvent de la rĂ©gie : « C’est ton bĂ©bĂ© ». C’est vrai, je me sens fier aux cĂŽtĂ©s de ceux qui m’entourent dans cette aventure. Pour toutes ces raisons, j’ai eu envie d’y consacrer un nouvel ouvrage paru fin 2020 (2). Tout arrive mais il faut savoir attendre comme on dit



Le pire ?

J’ai beau chercher, je ne trouve pas, tellement cette citation de Mandela me parle : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends. »


Quel est votre livre de chevet ?

La rĂ©silience de Boris Cyrulnik, Éd. Le bord de l’eau, 2009.


(1) Faire la ville autrement, 2e Ă©dition, Éd. Yves Michel, 2011. (2) RĂ©gie de quartier et rĂ©silience, reprendre nos vies en main, Éd. L’Harmattan.

Retrouvez les précédents autoportraits

🖋 Murielle A., Ă©ducatrice spĂ©cialisĂ©e en centre d’hĂ©bergement et de rĂ©insertion sociale (CHRS)

🖋 Thierry Trontin, co-gĂ©rant de la SCOP Voyageurs-Éducateurs et d’un lieu de vie et d’accueil

🖋 Laurence, rĂ©fĂ©rente de parcours du Programme de rĂ©ussite Ă©ducative

🖋 Romain Dutter, ex-coordinateur culturel au centre pĂ©nitentiaire de Fresnes

🖋 Yazid Kherfi, mĂ©diateur tout terrain

🖋 Claude, assistante de service social en polyvalence de secteur


Vous ĂȘtes tentĂ©s par l’exercice d’autoportrait de travailleur social ? Vous souhaitez partager votre expĂ©rience ? N’hĂ©sitez Ă  nous contacter Ă  l’adresse suivante : katia.rouff@lien-social.com