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À la relecture des quelques billets déjà publiés, je me suis aperçue de la redondance du mot IMPUISSANCE dans mes écrits, cela m’a donnée matière à réflexion. Je me suis donc torturée l’esprit pour comprendre pourquoi, comment ou quand ce sentiment d’impuissance devient prégnant dans mon quotidien professionnel. Puis je me suis demandée si mon vocabulaire manquait de synonymes, mais après une recherche plus poussée il apparait que ce mot reflète parfaitement ce que je veux exprimer puisque je n’entends pas parler d’incapacité, d’incompétence, d’inefficacité ou d’inhibition.

Alors oui, je me sens impuissante quand j’assiste à la dégradation d’une situation, quand je vois mon volume de travail augmenter faute de recrutement, quand on nous demande d’accepter la destruction massive des conventions collectives qui sont censées nous protéger, ou encore, quand les politiques restent sourds aux échos du terrain et produisent des lois sans fondement ainsi que contradictoires que nous devons ensuite mettre en œuvre.

Je vais tenter d’amener un exemple, qui peut sembler tout à fait anodin à première vue mais qui peut devenir la source d’un fort sentiment d’impuissance. Dernièrement, ma direction à décidé de mettre fin à son contrat avec un gestionnaire de photocopieurs. Nous apprenons en dernière minute que nous ne pouvons plus utiliser notre unique machine multifonction et que, bien évidemment, son remplacement n’a pas été anticipé ou réfléchi. Ici, cela peut s’avérer dérisoire, pourtant, à l’heure du tout numérique, un outil essentiel à l’accès aux droits des plus précaires nous est retiré. Seule assistante sociale dans une équipe pluridisciplinaire, je suis celle qui en a le plus besoin dans les démarches quotidiennes que j’effectue avec les personnes que je reçois. Le fichier numérique est privilégié donc la numérisation, la copie et l’impression de documents sont incontournables. Alors comment continuer de travailler ? Comment accepter la tentative de réponse qui nous est apportée par la proposition d’une imprimante domestique ? Notre local n’est qu’un espace d’appui, nous travaillons dans la rue et devons privilégier notre présence en extérieur. Ce type de solution me fait donc envisager des temps administratifs allongés au détriment de notre mission principale de création du lien…

A la découverte de cette information, un découragement notable s’est abattu sur moi et une nouvelle forme d’impuissance est apparue : celle d’assister à la perte, petit à petit, du peu de moyens qui nous est octroyé pour poursuivre une intervention de qualité. Evidemment – et j’espère que vous vous en doutez –, je ne me suis pas laissée abattre et me suis indignée de manière fortement audible, pour ne pas me courber devant une forme de fatalité.

Ne soyez donc pas étonnés de retrouver la puissance de mon impuissance à plusieurs reprises dans les prochains textes, car je me dis que je la préfère à une éventuelle asthénie ou aboulie qui signifieraient alors la disparation de mon envie de me battre pour mon métier.