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La pièce Entre ses mains est née de la rencontre de la Compagnie Le Grand nulle part avec le milieu hospitalier. En effet, suite au mouvement de grève des soignants en 2018, les artistes ont décidé d’entrer en immersion dans ce milieu fermé pour mieux le rendre visible.

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©Charlyne Azzalin

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Eva franchit les portes du service des urgences pour accoucher et nous plonge dans un autre monde : l’hôpital. Pour nous y entrainer, cinq comédiens incarnent différents personnages, Léo infirmier, Ishtar urgentiste, Chanel infirmière, Annabelle aide-soignante, Eva interne et patiente, Karim externe dépassé aux urgences puis interne, Antoine manipulateur radio, Clyde kiné, Olga aide-soignante, Caroline cheffe de service, Sonia directrice des ressources humaines, Manuelle qui accompagne son amie dans sa grossesse, Santana et Carmen qui veillent leur frère malade jusqu’à sa mort.

Cadences infernales

Réduction d’effectifs, matériel dégradé, larmes, fous rires, colères, révoltes… les personnages nous embarquent dans leur réalité. La scène devient un concentré de vécu dans les métiers du soin.

Tous s’affairent, courent, se dévouent corps et âme, dans un tourbillon d’informations à transmettre, de gestes à accomplir, de décisions à prendre. Ils se voient confronter à de multiples situations : accouchement, luxation, infection, arrêt cardiaque, chimio-radiothérapie, ponction lombaire, électrocardiogramme, radio scanner, problèmes respiratoires, réanimation…

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©Charlyne Azzalin

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Dans un décor froid, la mise en scène dynamique nous fait partager la vie des plateaux techniques – dans différents services- avec des lumières crues, des fauteuils de salles d’attente, des tablettes de matériel pour soignants, des lits sur roulettes, des tables d’auscultation, des appareils qui, parfois, dysfonctionnent…

La mise en scène donne à découvrir toute l’architecture d’un hôpital : urgences, espaces de pause, service de réanimation, chambres de patients, salle de réunion du personnel, salle de rééducation, administration, magasin, blanchisserie…

Suite au mouvement social de 2018

En 2019, la compagnie Grand Nulle Part a vécu en immersion dans le milieu hospitalier pour écrire cette pièce en allers/retours, table/plateau. Une démarche qui fait suite au premier mouvement de grève des soignants de l’hôpital public après l’agression d’un patient envers le personnel des urgences de l’hôpital Saint-Antoine à Paris.

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©Charlyne Azzalin

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Le mouvement s’est organisé et a donné naissance au Collectif Inter Urgences. Il s’est amplifié et le personnel des hôpitaux d’autres services ont rejoint les premiers grévistes pour dénoncer la hausse des agressions, la saturation des services, les restrictions budgétaires et les conditions de travail dégradées.

Injonctions contradictoires

Des tableaux défilent autour de rituels répétés, de corps épuisés, empathiques, stressés, transformés. Le quotidien des équipes médicales, la répétition des gestes d’urgence donne matière à une chorégraphie. La bande sonore mixant techno, chants, message du répondeur des urgences maintient une tension renforcée par des éclairages envoutants.

Le temps presse tout le temps, entre explicite/implicite. Les spectateurs croisent également les regards décalés des administratifs qui demandent de réaliser du chiffre, de diminuer les temps de séjour des « usagers », de faire cesser les arrêts de travail, de réduire les temps de pause.

Le spectacle fait partager une vie qui s’articule entre le temps long de l’hôpital, l’urgence vitale et les injonctions d’un système qui réduit le soin à un geste.

Agnès Montagne

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Le teaser

Entre ses mains , de Julie Rossello-Rochet, mise en scène de Julie Guichard, production Compagnie Le Grand Nulle Part, avec Amélie Esbelin, Benoit Martin, Manon Payelleville, Nelly Pulicani, Côme Thieulin, 1 h 40.

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