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23 avril 2021

🖋 Autoportrait de travailleur social • Yazid Kherfi, médiateur tout terrain

Autoportrait de Yazid Kherfi, médiateur tout terrain

« Je crois dans les rencontres car il se passe toujours quelque chose »

Quel mot, adjectif, associez-vous spontanément au travail social ?

Belles rencontres.

Pour quelles raisons avez-vous choisi votre métier ?

Pour aider les autres. J’ai été délinquant, j’ai envie d’aider les jeunes qui se trouvent sur une mauvaise pente. J’ai vécu dans les quartiers, j’ai envie de travailler auprès de leurs jeunes habitants. Je suis allé à l’école, j’ai envie de former les autres. J’ai séjourné en prison, j’ai envie de dialoguer avec les détenus

Quelle formation avez-vous suivie ?

J’ai suivi plusieurs formations et décroché le Brevet d’État d’animateur technicien de l’éducation populaire et de la jeunesse (Beatep) (1), une licence de sciences de l’éducation et un master en Ingénierie de la sécurité. La formation la plus importante est celle que j’ai suivie durant un an avec Charles Rojzman sur la thérapie sociale.

Quel est votre meilleur souvenir professionnel ?

J’interviens en détention depuis dix ans, j’organise des débats. C’est là que j’ai fait les plus belles rencontres avec des personnes qui ont lu mon livre et me disent :
« Yazid, ton bouquin m’a fait réfléchir » ou « Il m’a donné envie de changer ». J’ai aussi rencontré un détenu qui suit les traces de l’association Médiation nomade que j’ai fondée (2). Le soir entre 20 h et minuit, je me pose avec mon camion au bas des immeubles des quartiers populaires franciliens pour y rencontrer les jeunes qui traînent et s’ennuient. J’installe des tables, j’offre un thé à la menthe, je propose des jeux de société. J’invite aussi les travailleurs sociaux (animateurs, médiateurs, éducateurs spécialisés). Je convie parfois des élus et des policiers qui parlent souvent des jeunes sans jamais les voir. Je crois dans les rencontres car il se passe toujours quelque chose.
Pour revenir à cet ancien détenu rencontré en prison, aujourd’hui âgé d’une quarantaine d’années, il effectue les démarches auprès de la mairie de Paris pour proposer une « médiation nomade » dans les quartiers populaires de la Capitale. À un moment donné, on devient un exemple.

Quel est votre pire souvenir ?

Mes pires souvenirs sont liés aux détenus que j’ai aidés, soutenus, appréciés et pour lesquels rien n’a fonctionné : ils n’ont trouvé ni logement, ni travail, ni soutien de la part de leurs parents. Ils font une connerie et retournent en prison, je le vis comme un échec.

Quel est votre livre de chevet ?

Savoir vivre ensemble. Agir autrement contre le racisme et la violence
de Charles Rojzman et Sophie Pillods,
(Éd. La Découverte, 1998).

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(1) Aujourd’hui Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS).
(2) www.mediationnomade.fr

Yazid Kherfi est l’auteur de :
Guerrier non violent. Mon combat pour les quartiers, avec Joséphine Lebard, Bahar Makoo, Éd. La Découverte, 2017

Repris de justesse, avec Véronique Le Goaziou, Éd. La Découverte, 2000.

À lire aussi

Policiers et éducateurs. Meilleurs ennemis, Dossier paru dans Lien Social n° 1283 (2020).

Guerrier non violent, de Yazid Kherfi, critique parue dans Lien Social n°1217 (2017).

Prévention de la récidive, une réforme à la peine, dossier paru dans Lien Social n° 1134 (2014) - Numéro disponible aux abonnés ou à l’achat.

L’ami public numéro 1. Transformer la violence, Interview de Yazid Kherfi parue dans Lien Social n° 559 (2001)- Numéro disponible à l’achat en numérique.

Retrouvez les précédents autoportraits

🖋 Murielle A., éducatrice spécialisée en centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS)

🖋 Thierry Trontin, co-gérant de la SCOP Voyageurs-Éducateurs et d’un lieu de vie et d’accueil

🖋 Laurence, référente de parcours du Programme de réussite éducative

🖋 Romain Dutter, ex-coordinateur culturel au centre pénitentiaire de Fresnes

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