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■ ACTU - Académie de Lille • Etudiants oubliés

Le 18 juin, les étudiants en travail social manifestaient devant le rectorat de Lille. (c) Didier Andreau

Une année calamiteuse qui se termine en catastrophe pour les étudiants en travail social qui relèvent du rectorat de Lille. Les moniteurs éducateurs et les éducateurs spécialisés dont l’oral de certification du diplôme reste encore organisé par le rectorat – toutes les autres épreuves se sont déroulées dans les écoles – vivent une fin de cursus particulièrement chaotique. Officiellement, les épreuves orales devaient se dérouler du 7 au 11 juin. Fin mai, personne n’avait encore reçu de convocation. Inquiets, les étudiants contactent le rectorat qui leur indique que la personne en charge de ces questions est en arrêt maladie sans autre explication.

Violence

Le 3 juin, les convocations arrivent mais les dates ont changé : les épreuves s’étalent entre le 7 et le 18 juin. Les étudiants qui travaillent ou ont des enfants se réorganisent en urgence pour se libérer. Certaines convocations comportent des erreurs : trois lieux différents à la même heure pour certains moniteurs-éducateurs… Leila Hamaidia, étudiante éducatrice spécialisée a reçu sa convocation le 9 juin à 22h59 : son oral était fixé au 16 juin à Dunkerque, à deux heures de route de chez elle. Pour se rendre disponible, elle pose un jour de congé puisqu’elle travaille déjà en action éducative en milieu ouvert (AEMO) et part la veille pour être sûre d’être à l’heure le jour J. Le soir de son oral, alors qu’elle est déjà à Dunkerque, un mail tombe : l’examen est annulé sans indication de date ultérieure. "J’ai vécu cela comme une grande violence. Nous avions fait preuve de beaucoup d’adaptation face à la réforme de nos diplômes, la crise sanitaire, aux confinements, aux difficultés à trouver un stage, aux travaux sur nos mémoires amputés pour cause de Covid, et pourtant on s’est démené pour rendre ce travail et maintenant on nous empêche de le défendre". Le rectorat lui a assuré qu’elle recevrait bientôt une convocation mais ce lundi 21 juin, comme tous ses camarades dans la même situation, elle n’avait rien reçu.

Retards

Parmi ceux qui ont réussi à passer leurs oraux, certains se sont aperçus que leur jury n’avait pas pris connaissance de leurs dossiers. Normal, explique Julien Parent, formateur à l’école européenne supérieure en travail social de Maubeuge, les dossiers ont été envoyés très tardivement. « Certains jurés les ont reçu la veille du concours ». A Maubeuge, en désespoir de cause, l’école a saisi le rectorat et demandé à faire passer les épreuves orales elle-même pour sortir leurs étudiants de ce stress « qui vient s’ajouter au stress de l’année passée dans des conditions particulièrement difficiles », explique Valentine Henry, déléguée des moniteurs éducateurs de l’école. Mais dans les autres écoles, les étudiants attendent toujours leur convocation. Dans une pétition en ligne, ils listent l’ensemble des problèmes qu’ils ont rencontré et demandent "une réévaluation des modalités d’examen".

Manifestation

Le 18 juin, les étudiants manifestaient devant le rectorat de Lille, pour l’occasion, l’inter-régionale des formatrices et formateurs en travail social (L’IRE) publiait un communiqué où il listait l’ensemble des épreuves subies par ces promotions : « réforme ultralibérale ficelée dans l’urgence en 2018 », « galère de la recherche de stage souvent introuvables », « armée de réserve » pour faire face à la pandémie dans les établissements médico-sociaux en panne de professionnels, trois confinements, « vécu pour certains dans une précarité financière et pour tous dans une précarité psychologique ». Les voilà soumis à une dernier revers : « des épreuves d’examens comme nous n’en avons jamais vu ». « On se sent oubliés », témoigne Valentine Henry. « Une cacophonie sans précédent qui en dit long sur la casse des services publics et sur les impacts de la gestion néo libérale du secteur sanitaire et social », dénonce L’IRE qui demande, « compte tenu des conditions particulièrement scandaleuses », l’attribution de ces épreuves et le remboursement des frais occasionnés par leur annulation. Pour l’instant, formateurs et étudiants n’ont reçu aucune réponse du rectorat.

Marianne Langlet