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■ ACTU - Cada autogéré, la fin d’une aventure mais...
Avec la fin de la trêve hivernale, le Cada autogéré de Marseille doit évacuer son lieu de vie et d’accompagnement, comme convenu. Propriété de l’État, le bâtiment avait d’abord été squatté avant d’obtenir une convention d’occupation temporaire. Le respect du contrat invite les partenaires à réitérer l’expérience.
Après un an de squat, les habitants avaient démontré leur capacité d’autogestion. Du coup avec le soutien des associations Habitat alternatif social, Just et l’Association des usagers de la Plateforme d’accueil des demandeurs d’asile (AUP), les squatteurs ont obtenu la signature d’une convention d’occupation temporaire avec le propriétaire, l’Établissement public foncier (EPF). Soulagée, la quarantaine avait ainsi pu entrer dans la légalité.
L’artiste de street art, Mahn Kloix a offert cette fresque monumentale aux habitants du Cada autogéré lors de son officialisation en juillet 2022. ©Myriam Léon
Prendre soin du lieu de vie et du collectif
Depuis le début en juin 2021, les occupants de l’immeuble situé en plein centre de Marseille souhaitaient, au-delà d’une mise à l’abris, démontrer leur capacité à prendre soin de leur lieu de vie et du collectif.
Face à l’impuissance publique à loger l’ensemble des exilés, tous ont connu la rue, les nuits d’hôtels sociaux, l’hébergement d’urgence... Beaucoup ont ainsi été livré à l’avidité de réseaux prompts à trouver des « solutions » pour pallier aux insuffisances de l’État, notamment dans des squats payant dans des immeubles livrés aux trafic.
Supervisées par Alieu Jalloh, membre fondateur de l’AUP et régisseur social, la quarantaine d’habitants du Cada autogéré ont tout mis en oeuvre pour échappé aux dérives observées dans d’autres squats. Ils ont donc établit un règlement intérieur et désigné un comité de supervision. Ces règles sont strictes mais nécessaires, selon le collectif qui très vite fait famille.
Ouverture des possibles
Cette organisation permet de négocier et d’obtenir un accord jusqu’au 31 mars 2023. Le respect de ce contrat ouvre les possibles. L’EPF voit l’occupation temporaire comme une solution pour ne plus laisser d’immeubles vacants... donc ne plus être squatté. Le préfet à l’égalité des chances cite cet exemple pour négocier avec des propriétaires de bâtiement vacants en attente de projet..
Cette réussite a cependant un coût, d’une part les évacuations de squats se sont multipliées, d’autre part les "bons élèves" doivent se reloger. Certains ont trouver des logements avec le soutien des associations partenaires, d’autres sont pris en charge par le 115, une solution peu pérenne. Les militants auraient souhaité obtenir un site similaire pour poursuivre l’aventure.
Ça devrait se faire avec un nouveau partenaire convaincu par cette expérience, la municipalité de Marseille qui possède des biens inoccupés. La lenteur des rouages institutionnels ne répond pas forcément à l’urgence dans une ville où un demandeur d’asile sur deux n’a pas de solution d’hébergement.
Myriam Léon
À lire aussi dans Lien Social n°1324 : Droit d’asile • Un CADA autogéré fait jurisprudence et dans le n°1302 : Squat • Éprouvette sociale