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■ ACTU - Chômage • Écouter les personnes concernées
Le 25 janvier, le collectif Pour la parole des chômeurs, a présenté un livre blanc après avoir recueilli leur parole. Objectif : porter leur voix dans le débat public en amont des élections présidentielles et législatives de 2022.
Les chercheurs d’emploi veulent être entendus. « On a l’impression que ceux qui décident de l’évolution des politiques publiques méconnaissent totalement quel parcours du combattant c’est de trouver un nouveau job, témoigne l’un d’eux. Idem pour les organismes chargés du retour à l’emploi, lorsqu’ils modifient quelque chose (système informatique, site internet) […] ».
Le collectif Pour la parole de chômeurs publie : « Le livre blanc Paroles de chômeurs » (1). Il fait suite à une enquête menée entre février et juin 2021 par les 20 associations membres du collectif, auprès de personnes en situation de chômage, premières concernées par les conséquences de la crise sanitaire et la réforme de l’assurance chômage. Les réponses des 270 participants mettent en évidence les faiblesses du système actuel de soutien aux chercheurs d’emploi, confirment la vision pas toujours juste de l’opinion publique sur le chômage, mais manifestent aussi les désirs et les capacités des personnes privées d’emploi. Les thématiques abordées structurent les chapitres de cet ouvrage collectif : leur situation et la façon dont elles vivent cette période ; le changement de regard nécessaire sur ces personnes actives et non « assistées » ; le chômage vu comme une possible transition permettant de préparer leur avenir ; le besoin de faire évoluer l’accompagnement qui leur est proposé ainsi que la problématique du manque d’emplois disponibles et accessibles.
Changer de regard
Au-delà de leurs témoignages (voir en fin d’article), les personnes interrogées formulent, avec le collectif, neuf propositions pour faire avancer le droit à l’accompagnement et le droit à l’emploi : changer de regard sur le chômage et les personnes en recherche d’emploi ; préparer l’avenir et donner de véritables perspectives aux chômeurs ; considérer l’accompagnement comme un enjeu humain et un soutien dans le recours au droit ; porter attention aux questions de santé ; créer des emplois au plus près des personnes ; diminuer les obstacles liés à la mobilité géographique ou aux capacités de déplacement ; fonder le recrutement sur les compétences et les parcours des personnes ; adapter l’offre de formation aux réalités territoriales tout en tenant compte des aspirations des personnes ; créer des espaces d’interaction territoriaux autour de l’emploi.
Pour une personne interrogée : « La principale idée serait de faire changer l’image des chômeurs, d’avoir la possibilité de se sentir utile et respecté ».
(1) Télécharger le livre blanc des chômeurs
Témoignage
« En France on préfère enfermer les gens dans des cases sans prendre en compte l’ensemble de la personne ! »
Je ne rentre pas dans les cases et suis fatigué d’être confronté à des « machines ». J’ai l’impression d’être enfermée dans une case avec l’impossibilité de pouvoir prétendre à autre chose. Je sollicite d’autres dispositifs d’accompagnement que Pôle emploi. J’ai l’impression d’avoir affaire tout le temps à des « machines ». Il faut tout faire par internet, et quand on se rend dans une agence pour discuter de mes motivations on me dit de renseigner ça sur internet. Les gens ont l’air débordé et semblent plus se préoccuper de me mettre dans des cases pour leurs indicateurs que de m’aider. Ils expliquent que c’est clairement ce qui me bloque, on me dit que je suis trop diplômé. J’ai l’impression d’avoir affaire à un système hors sol : non, un bac + 5 en n’importe quoi n’est pas un diplôme d’omniscience ! En France on préfère enfermer les gens dans des cases sans prendre en compte l’ensemble de la personne ! Dans les entretiens de recrutement, on est un peu des produits de consommation. Personne ne s’inquiète de si on sera heureux d’effectuer le travail proposé. C’est compliqué de toujours s’inscrire tous les mois quand on a des trous de mémoire. Pôle emploi ne m’a servi à rien, sauf trois annonces mais qui ne correspondaient pas à mes qualifications. Je peux compter sur ma famille dans mes périodes de chômage, de fin de droits.
Katia Rouff-Fiorenzi