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■ ACTU - Cri d’alerte des ateliers et chantiers d’insertion

Six réseaux (1) de l’insertion par l’activité économique se mobilisent pour défendre le modèle des ateliers chantiers d’insertion (ACI) aujourd’hui fragilisé. Ils attendent des réponses des pouvoirs publics. Ils étaient réunis le 22 juin à Paris pour une journée de débats.

Instabilité de leurs financements, remise en cause de leur utilité par un rapport de l’inspection générale des affaires sociales (2), manque de visibilité quant à leur place dans France Travail, les inquiétudes des représentants des Ateliers et Chantiers d’Insertion (ACI) sont multiples.



En période de "plein emploi", la fragilisation du secteur de l’insertion par l’activité économique risque de laisser à l’abandon les personnes les plus éloignées de l’emploi. ©Mariette Kammerer

« Nos structures sont trop fragilisées, on veut dire au gouvernement qu’on attend un soutien politique fort à l’insertion par l’activité économique (IAE), qui se concrétise dans la loi de finance et dans la loi Travail », résume Nathalie Latour, directrice générale de la fédération des acteurs de la solidarité (FAS) et représentante du collectif sur les ACI.

Remise en cause du modèle économique

« On veut une place dans la gouvernance de France Travail. Aujourd’hui elle n’est pas claire dans l’expérimentation sur les bénéficiaires du RSA, alors qu’on a vocation à accompagner ces publics », ajoute David Horiot, président de Chantier école. Les responsables associatifs attendent également des clarifications sur l’articulation entre le contrat engagement jeune (CEJ) et le CDD insertion.

Les membres du collectif inquiètent aussi quant à une remise en question du modèle économique hybride des ACI, 70% de financements publics et 30% de recettes propres. « Un rapport de l’Igas, en proposant de fusionner les ACI et les entreprises d’insertion, remet en cause ce montage financier qui est pourtant un outil indispensable pour accompagner les plus éloignés de l’emploi », explique Nathalie Latour.

Privilégier les entreprises d’insertion

Même si ce rapport de l’Igas, paru en janvier 2023, ne correspond pas à un projet du gouvernement, « il a déjà des effets sur certains territoires, où les services déconcentrés flèchent les crédits vers les entreprises d’insertion au détriment du secteur associatif porteur des ACI », rapporte David Horiot.

Il en découle une fragilisation économique de ces structures, comme l’illustre la situation de la Régie rurale de Vaillant en Haute-Marne, qui fait du maraichage bio, de l’entretien des espaces naturels et de la restauration de patrimoine. « On n’a aucune visibilité sur les effectifs qu’on pourra accompagner, on ne sait pas quels seront nos financements, on va signer en juin 2023 la convention avec le fonds social européen pour 2022, et on appris du jour au lendemain l’arrêt du soutien du conseil départemental. Cette instabilité des financements n’est pas gérable », témoigne Aline Paindavoine, directrice de la structure.

Tous les représentants des ACI dénoncent le désengagement des conseils départementaux, le changement des règles du Fonds social européen, et le « stop and go » sur les aides au poste, qui mettent en difficulté de nombreuses structures.

Mariette Kammerer

(1) CHANTIER Ecole, Réseau Cocagne, Coorace, Emmaus France, la Fédération des acteurs de la Solidarité et le Mouvement des Régies.
(2) “IAE : états des lieux et perspectives”

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