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■ ACTU - Grand âge • Une charte pour l’accompagnement
Professionnels du grand-âge et familles de personnes âgées vulnérables disposent désormais d’une "charte éthique", consultable en ligne, comme base de réflexion pour améliorer les prises en charge. Elle a été réalisée par Fabrice Gzil, philosophe et éthicien, à partir d’une enquête à laquelle ont répondu 4300 contributeurs, dont une moitié de professionnels et un quart de proches aidants.
"La crise sanitaire a touché durement les métiers du prendre soin et exacerbé les tensions éthiques. Le but de cette charte n’est pas d’imposer une vision uniforme, mais d’éclairer les choix et la pratique de chacun", a indiqué Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’Autonomie, lors de la remise de cette charte le 2 septembre. "Cette réflexion éthique est aujourd’hui renouvelée du fait de la longévité, du changement de génération, et de la crise sanitaire", souligne Fabrice Gzil.
Dix principes universels
La charte propose dix principes universels pour un accompagnement éthique : Reconnaître la personne dans sa citoyenneté et son identité ; favoriser ses potentialités et veiller au respect de ses droits ; être à l’écoute de ce qu’elle exprime et s’assurer de son consentement ; garantir l’accès à des soins adaptés ; reconnaître son besoin d’une vie sociale et affective ; proposer un accompagnement individualisé favorisant l’autonomie ; favoriser la meilleure qualité de vie possible ; respecter les droits des familles ; soutenir les professionnels et bénévoles.
Pour chaque principe, elle donne des exemples : "la liberté doit rester la règle et les restrictions l’exception" ; pose des questions : "comment ne pas réduire le soin à la seule prise en charge des besoins élémentaires ?", et articule les éléments qui entrent en tension. "Cette charte doit être un soutien à la réflexion, à l’analyse éthique des situations, aider à formuler des questions, poursuit Fabrice Gzil, sa mise en oeuvre nécessite un accompagnement des professionnels".
Réactions
Plusieurs personnalités ont réagi à ce travail : "C’est un outil magnifique mais qui ne sera rien si on n’en fait rien. Le thème de la prévention de la maltraitance est martelé dans toutes les écoles et pourtant ça ne suffit pas", prévient Sophie Moulias, gériatre à l’hôpital. "Il faut faire vivre cette charte à travers des discussions entre résidents et professionnels", estime le président de l’association Citoyennage, lui-même résident d’Ehpad. "Nous allons nous saisir de cet outil et créer des espaces d’échanges avec les professionnels", prévoit la directrice d’un Ehpad public en région parisienne. Le réseau associatif de service à la personne, l’ADMR compte aussi "créer des espaces de réflexion éthiques au sein des associations". La présidente du syndicat Synerpa Domicile rappelle toutefois que "les conditions de travail des intervenantes sont difficiles et ne laissent pas de temps pour échanger. La réforme en cours est nécessaire".
Mariette Kammerer