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■ ACTU - Réduction des risques • Paris face au crack
Le 30 aout dernier, dans une lettre au Premier ministre, la maire de Paris, Anne Hidalgo, revient sur sa proposition d’ouverture de lieux d’accueil, d’hébergement, de soin et de consommation supervisée pour tenter de répondre à la problématique des usagers de crack.
- Le documentaire "Ici je ne vais pas mourir" plonge dans la salle de consommation à moindre risque parisienne, nous donne à voir la réalité des usagers et le travail des professionnels. Sortie en salle le 20 octobre.
Sortir de l’impasse. A Paris, dans le XVIIIème arrondissement, la fermeture du jardin d’Eole aux usagers de crack, fin juin, n’a rien résolu. La scène ouverte s’est déplacée de quelques mètres… aux alentours du jardin. Depuis des années, aucune solution ne répond à la problématique de l’usage de crack dans la rue par des usagers en très grande précarité, au delà de la répression et de l’évacuation des personnes d’un quartier à l’autre du nord-est parisien. Le plan crack élaboré en 2019 par la mairie de Paris avance trop lentement.
Nouveaux lieux d’accueil
Le 30 aout dernier, dans une lettre au Premier ministre, la maire de Paris, Anne Hidalgo, revient sur sa proposition d’ouverture de lieux d’accueil, d’hébergement, de soin et de consommation supervisée. Elle propose quatre nouvelles structures. « On avance dans la bonne direction », pense Nathalie Latour, déléguée générale de la fédération addiction. « La mairie a enfin pris la part qui était la sienne ; elle a prospecté une trentaine de lieux cet été », témoigne-t-elle. Elle se réjouit également du travail en concertation des mairies concernées du XXème, XVIIIème, Xème, XIXème arrondissements ; jusqu’alors elles se débrouillaient chacune dans leur coin « en se renvoyant la patate chaude ». Le travail de concertation avec les riverains est également lancé. Le maire du XXème, Eric Pliez, propose un premier débat public avec les riverains d’un futur lieu pressenti. La possibilité de cette installation dans une ancienne école maternelle du quartier Pelleport a provoqué une levée de boucliers des riverains et de l’opposition. Le maire leur répond dans une lettre ouvert publiée le 6 septembre : « Notre conviction est que seule une stratégie thérapeutique globale, incluant lorsque cela est nécessaire de la consommation supervisée, permettra de rompre le cycle de l’errance dans le rue et de stabiliser l’usager dans un lieu d’accueil et de soin. De pacifier l’espace public et d’assurer la sérénité de toutes et tous ».
S’appuyer sur les Caarud
Désormais, la balle est dans le camp du gouvernement qui doit donner son feu vert puisque ces lieux entreront dans le cadre de l’expérimentation des salles de consommation à moindre risque qui prévoit que si les mairies se portent candidates, c’est au gouvernement ensuite d’autoriser ou non leur ouverture. Si les nouveaux lieux cristallisent l’attention, une autre proposition vise à étendre les capacités et modalités d’accueil de structures déjà existantes et bien identifiées des usagers de drogue : les centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud). « Le texte de la loi de modernisation du système de santé permet l’accompagnement de la consommation dans les Caarud mais une zone de flou reste à sécuriser pour que les équipes ne soient pas mises en difficulté », explique Nathalie Latour qui plaide pour que ces petites unités, réparties sur le territoire puissent étendre leurs capacités d’accueil à bas seuil et leurs modalités d’accompagnement pour y inclure la consommation supervisée. Selon elle, cela sera également plus simple pour les riverains puisque les structures existent déjà. Reste que dans le domaine de la réduction des risques, les décisions se prennent très lentement. « Nous alertions les pouvoirs publics depuis des mois sur cette situation. Cela fait des années que nous disons qu’il faut étendre les réponses de première ligne, travailler sur la fluidification des filières de soins, notamment en lien avec la psychiatrie en très mauvais état aujourd’hui. Des circuits aujourd’hui complètement embolisés », souligne Nathalie Latour. Pour elle, la mise en place de nouvelles salles de consommation à moindre risque ne représente pas « l’alpha et l’oméga » de la solution mais l’un de ses éléments essentiels.
Marianne Langlet