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■ ACTU - Mineurs non accompagnés • Une mise à l’abri partielle

Cent places étaient attendues, il n’y en a que quarante. Inauguré à Paris le 4 février, le premier centre d’hébergement pour jeunes étrangers déboutés de leur minorité qui font appel de la décision ne correspond pas aux engagements pris cet été.

Le jour de l’inauguration, cinq organisations de soutien aux migrants ont donc joué les troubles fête en publiant une lettre ouverte au secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des familles, à la maire de Paris et à son adjointe en charge des droits de l’enfant et de la protection de l’enfance. Le Comede, Médecins Sans Frontières, les Midis du MIE, la TIMMY–Soutien aux Mineurs Exilés et Utopia 56 rappellent : « A la suite du campement du square Jules Ferry, qui a regroupé une centaine de ces jeunes à la rue pendant cinq semaines l’été dernier, la mairie de Paris s’était engagée à créer un dispositif leur proposant une prise en charge réelle, c’est-à-dire un hébergement adapté à leur vulnérabilité ainsi qu’un accompagnement éducatif, sanitaire et social… Depuis l’évacuation du camp du square Jules Ferry le 4 août 2020, ce sont plus de 800 jeunes remis.e.s à la rue auxquels nos associations sont venues en aide. »

Le campement Jules Ferry à Paris en juillet 2020

Ouvert le 20 décembre dans un ancien immeuble de bureau mis à disposition par la mairie, financé par l’État et géré par l’Armée du salut, ce dispositif doit permettre un accompagnement médicosocial en attendant le résultat des recours. Une procédure qui peut durer un an. Les autorités saluent une « grande avancée » dans la prise en charge des « plus vulnérables ». Pourtant quand seul un tiers des jeunes migrants évalués à Paris - 5000 en 2020 - obtiennent une reconnaissance de minorité, la réponse semble largement sous dimensionnée.

D’autant que d’après Médecins sans frontière, la moitié de ceux qui déposent un recours, obtiennent du juge un placement sous la protection de l’aide sociale à l’enfance. Les pouvoirs publics assument donc de maintenir des enfants isolés à la rue. L’adjointe à la protection de l’enfance, Dominique Versini, a avancé que la Ville était prête à ouvrir d’autres centres du même type. De leur côté, les organisations contraintes de bricoler des prises en charge grâce aux militants bénévoles demandent « en respect du principe de présomption de minorité, une mise à l’abri immédiate et pérenne de tou.te.s les mineur.e.s non accompagné.e.s en recours ».