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■ ACTU - Politique managériale - Gros malaise à l’UTPAS de Lille-Vauban
À l’UTPAS de Lille-Vauban, les assistants de service social reprennent le travail après trois semaines de retrait. Dans un contexte de pression managériale et d’épuisement professionnel, une réunion a révélé l’état du malaise. Et entraîné trente-huit personnes à exercer leur droit de retrait.
La quinzaine de collègues présents à la réunion restent choqués. L’ordre du jour était déjà source de tension. Depuis plus d’un an, selon le syndicat Sud Solidaires, les salariés alertent quant à la politique managériale. Deux cadres sont particulièrement pointés du doigt. Infantilisation, corrections zélées de rapports qui alourdissent et ralentissent les procédures, surcharge de travail. Les assistants de service social disent s’épuiser, perdre le sens de leur travail.
Le 25 février, une réunion se tient en présence des référents hiérarchiques pour tenter une sortie de crise. Une collègue se serait fait rembarrer sèchement alors qu’elle pointait son malaise lié au management. Elle s’approche de la fenêtre. Tous croient qu’elle veut prendre l’air. Mais elle commence à basculer et est rattrapée in extremis par un collègue. Dans la salle, tout le monde est sous le choc. Sauf la direction, qui aurait demandé - « une phrase qui ne passe pas » -, selon Olivier Treneul du syndicat Sud Solidaires : « Qu’est-ce qu’on fait ? On continue la réunion ? ». Les assistants de service social devront insister pour appeler les secours.
À l’UTPAS de Lille-Vauban, l’accueil sur rendez-vous a repris après trois semaines d’arrêt. Photographies ©Rozenn Le Berre
« Un problème de fond »
Signe terrible du malaise, cette tentative de suicide sur le lieu de travail provoque un droit de retrait massif des salariés. Ils sont trente-huit à l’exercer au lendemain de la réunion. Durant trois semaines, les usagers de cette UTPAS représentant 52 000 habitants de Lille trouveront porte close. Mais la réponse tarde. « Ce n’est que lorsque des articles sont parus dans la presse que nous avons commencé à avoir une réponse », poursuit Olivier Treneul.
Les deux cadres mis en cause sont écartés du service, « mais la direction ne reconnaît pas le danger ». Pour Olivier Treneul, « le reconnaître signifierait la mise en cause de leur système vertical qui met les équipes en situation de gérer la pénurie de main d’œuvre, pénurie pourtant organisée par l’employeur. »
Selon le syndicaliste, ce mal-être à l’UTPAS de Lille Vauban n’est que le symptôme d’une crise profonde et généralisée chez les agents du conseil départemental du Nord. « Cette décision n’est pas à la hauteur car elle ne répond pas au problème de fond. Aujourd’hui, ou les collègues fuient, ou ils résistent et prennent des coups, ou ils s’effondrent », s’alarme-t-il.
À l’UTPAS, l’accueil a repris, seulement sur rendez-vous. Mais certains salariés sont encore en arrêt. D’autres reconnaissent retourner au travail « la boule au ventre ».
Rozenn Le Berre
Contacté par Lien Social, le département du Nord n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet.