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■ ACTU - Prévention spécialisée : en Ardèche, un service en sursis
Parvenir à mobiliser 250 personnes pour défendre la prévention spécialisée un 21 décembre en Ardèche, ça parait a priori compliqué. C’est pourtant mission accomplie, en grande partie grâce à la nouvelle majorité de droite du conseil départemental. L’appel au rassemblement devant de l’hôtel du département à Privas lancé par Sud santé sociaux, la CGT action sociale et la CNT, a fait le plein. Cette mobilisation fait suite à la suppression de la subvention destinée à l’Association départementale pour la sauvegarde de l’enfance, de l’adolescence et de l’adulte de l’Ardèche (Adsea). Annoncée le 16 décembre pour prendre effet dès le 1er janvier, cette coupe budgétaire de 570 000 euros signifie la fin de la prévention spécialisée sur un territoire de 85 communes. Concrètement, cette décision de couper l’intégralité des vivres de l’association met au chômage dix éducateurs, un chef de service, une secrétaire et prive d’accompagnement plus de 500 jeunes et leurs familles. Joyeux Noël et bonne année !
500 jeunes privés d’accompagnement
Face au mouvement de contestation, une pétition et un appel à manifester, le conseil départemental a rétropédalé dès le 20 décembre devant une délégation d’éducateurs de l’Adsea07, de jeunes accompagnés et de délégués syndicaux. Le vice-président chargé des finances, Marc-Antoine Quenette leur concède un sursis de six mois. « Il souhaite que les communes et notamment les EPCI (ndlr : intercommunalités) prennent en charge une partie du budget, ces six mois de prolongation vont permettre de réfléchir à une réorganisation des services et de leur financement, précise le service presse du département. Parfois il y a d’autres associations qui font le même travail, le but est de répartir de manière plus précise les subventions du département. »
Variable d’ajustement
Si la prévention spécialisée fait partie de la protection de l’enfance dont la charge incombe aux départements, elle demeure un mode d’action facultatif. Le rapport 2017 sur l’avenir de la « prev » préconisait que l’activité des éducateurs de rue devienne obligatoire, sans être suivi d’effet. Faute d’un cadre contraignant, la prévention spécialisée reste une variable d’ajustement budgétaire et de nombreux services disparaissent partout en France. Une vision court-termiste dénoncée au micro devant l’hôtel du département par l’ex-chef de service de l’Adsea07 : « Le coût social de la disparition du service de prévention sera largement supérieur à l’économie budgétaire faite. »
Myriam Léon
Mobilisation devant l’hôtel du département de Privas le 21 décembre 2021 - © DR