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■ ACTU - Psychiatrie • isolement/Contention : le vide juridique

Depuis le 1er janvier, les soignants en psychiatrie font face à une situation inédite. Les pratiques d’isolement (en chambre spécifiquement aménagé pour cela) et de contention (immobilisation par des sangles sur un lit) sont devenues illégales du fait d’une décision du Conseil Constitutionnel annulant la dernière loi encadrant ces pratiques. Le gouvernement tente de faire passer un nouveau texte en urgence avec la loi sur le pass vaccinal. Mais ce flou interroge et certains psychiatres s’en émeuvent, à l’image de Mathieu Bellahsen qui milite en faveur d’un contrôle systématique des mesures de contention/isolement par le Juge des libertés et de la détention (JLD). « Nous avons besoin de contre-pouvoirs pour que l’institution psychiatrique ne soit pas totale. Depuis des années, les politiques ont banalisé ces pratiques. Or, la contention n’est jamais thérapeutique. Il faut toujours essayer de faire autrement. » Mais avec plusieurs dizaines de milliers de décisions de contention et d’isolement pratiquées chaque année en psychiatrie, comment assurer un contrôle systématique ? Jusque-là, le gouvernement avait instauré un simple contrôle facultatif de ces mesures par le JLD à la demande des usagers ou leurs familles. Ces dernières années, Matthieu Bellahsen constate une augmentation des pratiques d’isolement et de contention qu’il met en lien avec la pénurie des soignants et un certain raidissement de la société. « Les soignants manquent de moyens psychiques pour accueillir les personnes en souffrance. Une des raisons est leur sous-effectif constant. Lorsqu’on se retrouve à deux infirmiers pour 30 patients au lieu de cinq, on s’angoisse plus facilement. Mais, je constate aussi un formatage de plus en plus important dans les formations initiales qui conduit à des réflexes sécuritaires dès la moindre déviance chez un patient.  » Dans un communiqué commun (1), les principaux organismes représentatifs de la psychiatrie interpellent le gouvernement à un vrai débat de fond sur cette question, éludé lors des Assises de la Santé Mentale en septembre dernier.

Marc Olano


(1) https://bit.ly/34K3iCt