L’Actualité de Lien Social RSS

Depuis quatre ans, des parents témoignent de leurs difficultés à scolariser leurs enfants en situation de handicap. Par manque d’accompagnement dans les écoles et de places dans les instituts spécialisés, les élèves laissés au banc de l’école restent nombreux, sans être recensés.

Combien d’enfants ne prendront pas le chemin de l’école à la rentrée 2022 ? Pour palier au manque de chiffres officiels et dénoncer « le scandale de la scolarisation des enfants en situation de handicap », l’association de soutien aux personnes en situation de handicap et à leurs familles, l’Unapei relance la campagne #Jaipasecole sur le site www.marentrée.org. Pour la quatrième année consécutive, enfants, parents, professionnels sont appelés à mettre en lumière leurs expériences. Alors que pendant son premier quinquennat, le Président et son gouvernement affirmaient la volonté d’une école inclusive, ce recueil de témoignages révèle l’ampleur de l’exclusion du droit fondamental à l’éducation.

Absence de place à milieu ordinaire ou spécialisé, accueil par défaut dans une structure qui ne convient pas ou plus, scolarisation inadaptée ou inexistante, accueil en classe deux à quatre heures par semaine… près de cinq cents témoignages mettent en lumière des situations à la fois singulières et récurrentes. Le 1er juillet 2022, Coralie raconte son découragement : « Mon fils T est scolarisé en classe de seconde pro par dépit. Après de nombreuses démarches, nous avons pu obtenir une notification AESH à temps plein individualisée. En octobre, j’avais en plus de mon travail à temps plein, cumulé 12 réunions, 37 appels et de nombreux mails en vain. L’AESH non formée à l’autisme, n’ayant jamais travaillé avec un public adulte et elle-même en situation de handicap, est finalement arrivée fin octobre à raison de 5h par semaine. Je jette l’éponge. Il ne retournera pas au lycée à la rentrée, même si, à 15 ans, il est encore sous le coup de l’obligation scolaire. »

Accompagné 5 heures par semaine

La circulaire de rentrée 2022 du Bulletin officiel de l’Éducation Nationale affirme pourtant une volonté de « consolider une École pleinement inclusive, où chacun, notamment les élèves en situation de handicap, a sa place ». Elle se félicite d’une « situation considérablement améliorée en quelques années, traduisant à la fois un changement de culture avec comme principe la scolarisation des enfants en situation de handicap, d’organisation notamment avec la mise en place des pôles inclusifs d’accompagnement localisés qui couvrent désormais 100 % du territoire, et de méthode ». Elle en veut pour preuve que « pour la première fois, les élèves concernés sont plus nombreux dans le second degré que dans le premier, traduisant ainsi la continuité des apprentissages ». Elle reconnaît quand même qu’il reste « beaucoup à faire », notamment concernant « la situation des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) ».

Il reste également beaucoup à faire en matière de places en écoles spécialisées, comme le souligne le 5 juillet, la maman de Manon, 6 ans : « Après l’échec de deux ans d’attente pour une place en SESSAD (ndlr : (service d’éducation spécialisée et de soins à domicile), ma fille a maintenant un accord pour un IME (ndlr : institut médico éducatif). Nous repartons de zéro et on nous a déjà informé qu’il y a quatre ans d’attente. Six ans de démarche pour potentiellement essayer d’avoir une place... Que doit-elle faire ? Redoubler quatre fois la Grande section ? » Lassée des promesses non tenues, l’Unapei refuse désormais de se contenter des promesses non tenues. « Nous ne pouvons plus attendre, déclare Luc Gateau, président de l’Unapei. Les élèves en situation de handicap et leurs parents ont besoin de réponses. Des réponses adaptées à chaque situation et des actes forts. Car ce n’est pas aux élèves de s’adapter au système scolaire, mais bien à la société de trouver des solutions qui correspondent aux besoins de chacun.  » En attendant, faute d’une réelle volonté politique accompagnée de moyens, l’été tient du parcours du combattant pour de nombreux parents.

Myriam Léon

A lire dans Lien Social n°1316 le dossier : Services d’éducation spéciale et de soins à domicile • Aller vers l’enfant handicapé