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► LE BILLET de Vince • Bonne année chers collègues
Il est de coutume paraît-il de se souhaiter les bons vœux en début de nouvelle année.
Comment dire… Au regard de ce que nous vivons depuis bientôt deux ans, je ne suis pas trop sûr de la congruité de cette intention. Pourtant nous nous accrochons à des résolutions à un moment charnière où nos esprits oscillent entre volonté d’optimisme et sérieux doutes.
Après des mois de rédactions de Plans de Continuité d’Activités, des heures de réunions en visio, des kilos de masques, des litres de gel hydroalcoolique, des désinfections de poignées de portes, des tas de tcheks de coudes, des multiplications réjouissantes d’explorations nasales, des centaines de rendez-vous annulés, des débats stériles en équipe sur l’intérêt de la vaccination, des semaines de joie en télétravail avec le chat qui se réfugie sur le clavier parce que les mômes lui lancent des fléchettes en laissant leurs devoirs en plan sur la table de la cuisine, des collègues malades, des arrêts pour cause de cas-contacts, des aménagements incessants d’emploi du temps, des risques encourus dans certaines pratiques incompatibles avec le distanciel, des restrictions sanitaires liées à l’usage de la traditionnelle machine à café de service, comment peut-on encore trouver l’énergie pour se souhaiter une bonne année ?
Honnêtement je ne sais pas. Les ressources des travailleurs sociaux m’épateront toujours. D’autant plus que de nombreuses institutions ou autorités de tutelle ont largement profité de ce contexte de fragilisation pour assoir certaines pratiques plus que douteuses. Mais c’est un autre débat.
Moi ce qui me frappe toujours chez les travailleurs sociaux, c’est cette capacité permanente de rebond, cette force de projection positive en dépit d’un tableau bien morose. Certes ils sont de plus en plus nombreux à avoir recours aux anxiolytiques ou anti-dépresseurs pour « tenir », mais intrinsèquement ils demeurent dignes et engagés. Je crois qu’il y a finalement en chaque travailleur social quelque chose de viscéralement positif. C’est ce qui fait sans doute à la fois notre force (puisque cette aptitude nous permet d’envisager le travail éducatif de manière toujours constructive) et notre faiblesse (puisque c’est elle aussi qui nous condamne à un certain immobilisme culpabilisant face aux attaques incessantes du secteur).
Toujours est-il que l’heure est aux vœux. Alors, qu’est-ce que je vous souhaite pour 2022 ?
Des meilleurs salaires ? De la considération ? Plein d’espoir ? Des tonnes de sourires retrouvés d’enfants fragiles ou de personnes handicapées ? De l’énergie supplémentaire pour vous battre pour le sens de votre travail ? Quelques chèques vacances supplémentaires ? Un chef un peu moins chiant ? Des minibus neufs ? Une convention collective sauvegardée ? Un peu moins de grilles ? La réouverture de la machine à café ? Toujours plus d’intelligence collective ? De tomber les masques (au sens propre aussi quand le contexte le permettra) pour plus de sincérité ?
Bref, je vous souhaite le meilleur, du fond du cœur.