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★ INITIATIVE - Rencontre insolite

Une « soupe impopulaire », c’est ce que proposait en ce vendredi 1 er avril, à Saint Nazaire, l’association Le Carillon. « Ce n’est pas les bons bourgeois qui donnent à manger aux gueux, mais l’inverse  », explique avec humour Philippe Hamache, bénévole de la première heure. Toutes les bonnes volontés furent sollicitées pour la corvée de pluches préalable à la préparation d’un délicieux breuvage offert aux citoyens se pressant autour d’une tente montée pour l’occasion.

« C’est à la suite de la séance de ciné-débat du 14 janvier 2019 projetant le film « les invisibles » du réalisateur Louis-Julien Petit où nous avions convié commerçants et partenaires sociaux, qu’un début de réseau a commencé à s’esquisser » explique Corinne Praud, directrice de l’Association Solidarités et Créations (ASC). Fédérant autour de lui des bonnes volontés, ce restaurant social et lieu d’accueil de jour pour les personnes en grande précarité souhaitait s’inspirer alors de l’action parisienne menée par La Cloche, elle-même née en 2014. Rapidement une convention fut passée entre les deux associations et l’ASC put alors porter la création d’une franchise sociale s’inspirant d’un concept simple et pourtant des plus ingénieux : tout commerçant adhérant à cette belle idée appose un pictogramme sur sa porte pour indiquer que chez lui, les sans domiciles fixe sont les bienvenus et qu’ils s’engagent à leur rendre des petits services.

Avoir accès à des toilettes, se faire couper les cheveux, boire un café, faire une photocopie, recharger un téléphone ou pouvoir donner des appels au national, réchauffer un plat au micro-ondes, se voir donner des invendus, avoir accès au wifi, aller voir un film, etc. Trois ans après sa création, le réseau de commerçants solidaires du Carillon implique vingt-huit participants. Mais, cette porte qui s’ouvre volontiers ne permet pas seulement d’améliorer le quotidien des personnes en difficulté. Elle est aussi l’occasion de favoriser les liens bienveillants et de proximité permettant de changer de regard sur les uns, sur les autres et sur soi-même. Et de lutter contre cette solitude qui pèse si lourd : «  le plus dur lorsqu’on est à la rue, ce n’est pas le froid ou la faim, mais l’isolement » explique Michel, sans domicile depuis trois ans. Pendant la pandémie, comme dans beaucoup de villes, une dizaine des restaurateurs s’étaient relayés pour préparer des repas dans leur propre cuisine, les faisant livrer par l’ASC aux plus démunis. En ce 1er avril, c’est le chef étoilé Éric Guérin qui officiait.


Le chef étoilé Éric Guérin en pleine préparation - ©LienSocial

C’est la troisième fois qu’il participe à cette opération, confiant les belles rencontres que ces occasions lui ont fournies. Clin d’œil à un peuple dont le gouvernement multiplie les crimes de guerre, c’est un borchtch russe qu’il a, cette fois-ci, préparé : «  la cuisine est un acte d’amour qui n’a pas de prix, puisqu’il vient du cœur » expliquera-t-il, rajoutant « les actions citoyennes ont leurs limites, il faudrait que les politiques suivent.  »

Il existe une dizaine d’antennes et de franchise sociales du Carillon sur tout le territoire :
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