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► LE BILLET de Ludwig • Du cinéma !
Le festival de Cannes a remis la palme du 75e festival aux frères Dardenne pour leur film « Tori et Lokita » qui nous parle du parcours de deux jeunes mineurs non accompagnés (MNA). Ils ont dédiés leur prix au boulanger de Besançon qui avait fait grève de la faim pour obtenir la régularisation de son apprenti. Très bien. Emotion au rendez-vous. Respect. Voilà sans doute un film qui mettra quelques temps en lumière le sort tragique de ces jeunes exilés, pris en charge par la protection de l’enfance. Je dis pris en charge, parce que ça a vraiment l’air d’une charge. D’un poids.
C’est tout l’honneur du cinéma de mettre en lumière les sujets de société. C’est politique le cinéma. Ça me rappelle quand Jacques Chirac s’émouvait devant « Indigène ». Puis après plus rien. Alors des citoyens se lèvent. Combien sont-ils comme ce boulanger ? Combien sont-ils comme ce boucher ? Combien sont-ils comme ces maîtres d’apprentissage qui se battent pour garder ces jeunes ? Combien de Cédric Hérou anonymes ? Et puis combien d’entre nous à leur chevet, discrets, à les accompagner au quotidien sans que rarement les projecteurs nous éclaire ? Alors le cinéma est là pour ça, pour témoigner et laisser une trace dans l’histoire. Parce que des films sur les migrations, il y en a. On ne peut ignorer la réalité. Alors, regardons.
Regardons « A lua platz », qui raconte aux marges d’une banlieue parisienne en grande mutation, quelques familles roumaines qui cherchent des lieux où vivre. Regardons « Les arrivants » qui filme Caroline et Colette, assistantes sociales qui, à longueur de journées, reçoivent des familles qui viennent demander l’asile en France. Regardons « L’autre côté de l’espoir », qui suit Khaled, un jeune Syrien, débarqué sur le sol finlandais un peu par accident. Regardons « Avec les mots des autres », où à l’accueil de jour de Chambéry, l’Équipe Mobile Précarité et Psychiatrie reçoit des demandeurs d’asile en consultation. Regardons « Exils adolescents » qui parle de Yakouba, quand il débarque seul à Lyon à 16 ans. Il rejoint un collectif de mineurs étrangers qui luttent pour leurs droits et en devient un des porte-voix. Ou encore « J’ai marché jusqu’à vous ». Ou encore, ou encore…
Malgré tous ces films, documentaires, il semble que ça n’émeuvent pas plus que ça nos politiques. Non, il faudrait des drames, et encore…On viendrait pleurnicher, s’offusquer, et puis…s’en aller.
Alors ne reste-t-il que le 7e art pour laisser une trace dans l’histoire ?