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► LE BILLET de Ludwig • Vive l’alternance ?
« Nous sommes au bord du précipice », tels sont les mots introductifs des rendez-vous de l’alternance organisés par L’Opérateur de Compétence santé (OPCO).
Oui, nous sommes au bord du gouffre, dans une crise sans précédent de l’attractivité des métiers du sanitaire et social. Les raisons sont connues, je ne reviens pas dessus ici.
Face à ce constat, les besoins de recrutement sont exponentiels et, l’alternance, par le biais des contrats pro ou d’apprentissage, peut être une solution. Qui, certes, modifie nos cultures de formation, qu’il faut réfléchir, mettre en perspective et bien sûr porter à la critique.
En effet, l’alternance, afin d’offrir un nouveau souffle, peut être une opportunité de (re)développer nos métiers. Pour les employeurs, c’est une possibilité de renforcer les équipes en place, d’avoir de nouvelles compétences, voire d’équilibrer la pyramide des âges des structures. C’est, aussi, former l’apprenant à la culture de l’institution, un salarié non comptabilisé dans les effectifs, une masse salariale maîtrisée, ou encore un regard neuf sur les pratiques. Pour l’apprenant, ce serait un tremplin pour son insertion, permettant de découvrir la vie professionnelle tout en continuant ses études. C’est lier apprentissage des compétences théoriques et mise en application des compétences pratiques. C’est aussi s’enrichir d’une expérience dans le domaine de son choix, augmenter son employabilité à l’issue de la formation, être rémunéré pendant les études. Mais encore, pouvoir bénéficier d’aides financières de la région du centre de formation, ou que soient pris en charge les frais pédagogiques.
Alors où ? Sans faire concurrence aux traditionnels centres de formation en travail social, les centres de formation d’apprentis (CFA) ou les maisons familiales et rurales (MFR), offrent aujourd’hui des possibilités et forment aux métiers du travail social, en lien avec les besoins des territoires.
Néanmoins, si l’alternance offre une solution face à la crise des métiers, il ne faudrait pas édulcorer le tableau. Il ne s’agit pas de fournir une main d’œuvre bon marché qui serait formatée à une « culture » de l’institution, sans l’esprit critique si important à nos métiers du social. De même, l’apprentissage doit permettre l’ouverture et la découverte de plusieurs champs du secteur et non s’enfermer dans une population cible. Egalement, à l’heure des renégociations des conventions collective par Nexem et la Fédération des Etablissements Hospitaliers & d’Aide à la Personne (FEHAP), pas sûr que cela joue en faveur des salariés et des bonnes conditions d’accueil des stagiaires. Il faut des moyens humains et financiers sur le terrain pour les accueillir, sous peine de les dégouter, eux aussi.
En somme, si l’alternance n’est pas la solution magique, il semble, sans aveuglement, qu’elle puisse être une possibilité de formation en vue des années à venir. Ce qui n’enlève rien à la critique et aux besoins actuels !