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★ INITIATIVE -Journal de bord de Trifon (2)- Braver la tempête
Embarqués sur le Trifon, un voilier de 16 mètres, quatre adultes dont un éducateur et quatre jeunes suivis en protection de l’enfance naviguent vers la presqu’île de Crozon. Partis le 28 septembre du port de la Rochelle, leur voyage devrait durer quinze jours, Guillaume Castellanos, l’éducateur à bord, nous envoie son deuxième billet :
À l’image de la météo, L’aventure est loin d’être un long fleuve tranquille.
Nous vous avons quittés, il y a six jours, avant de prendre le large... S’en est suivi une multitude de moments, certain plus intimes, d’autres plus volcaniques. Mais après la rencontre vient le moment de l’apprentissage du vivre ensemble, le tissage méticuleux de la relation.
48h00 de navigation à venir, mer assez agitée, à l’origine, de simples membres d’équipage, nous apprenons notre rôle de marins. « border, choquer, la drisse, cardinal, amarres... » voilà notre nouveau vocabulaire, à chaque mot correspond un geste, une technique.
La nuit arrive, nous nous répartissons en équipe pour assurer les quarts afin de permettre à tout le monde de garder ses forces. C’est également un moment privilégié pour apprendre à se connaître, se confier un peu plus, renforcer les relations.
Accompagnés parfois de quelques dauphins, du soleil, de la pluie et du vent, nous partageons nos vécus, nos expériences, les uns au service des autres voilà l’idée de l’équipage en construction.
La presqu’île de Crozon en vue et le pied posé sur la terre ferme, nous rangeons les voiles pour sortir les baudriers, les lignes de vie et les mousquetons. Une autre pratique au service de la relation.
La météo est partie prenante de l’aventure et les conditions qui diffèrent du quotidien de chacun, viennent impacter pleinement l’équipage et ses relations. Peur, anxiété, fatigue, lassitude, excitation, voilà que s’entremêlent différentes émotions, inégalement exprimées par chacun d’entre nous.
Là prend tout son sens, la posture à adopter dans la relation. En effet, outre les tâches à accomplir au quotidien pour permettre à l’autre de participer socialement au moment partagé, la question du temps est primordial. Partager, ce n’est donc, ni imposer, ni forcer l’autre à prendre ce qui lui est tendu par l’adulte. La relation nécessite de prendre en compte le temps et la stabilité dans le lien. Celui-la seul permet à l’autre de participer activement à l’élaboration de ce qui fait son cheminement de vie.
La météo, les événements et les émotions viennent soumettre à dures épreuves les relations... La capacité à tenir et résister permettra au groupe d’en ressortir grandi et à chacun d’expérimenter la fiabilité d’une relation apaisée.
Nous sommes le samedi 03 octobre, nous revenons d’une randonnée de 17 km sous le vent, et le sourire semble présent malgré la fatigue du corps.