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✊ Travail social en colère • Témoignages

Par Aurélie, Agent de Service Intérieur en Institut médico-éducatif

" J’ai été embauchée en 2003 en CDI à mi-temps, puis à temps plein. Mon salaire de départ était en dessous du SMIC.
On s’occupe de tout l’aspect matériel lié à notre secteur (commandes, réapprovisionnement, etc), de l’entretien des locaux, du linge. La lingerie n’est pas aux normes, le matériel défectueux n’est pas réparé.
Je gagne 1300 euros par mois au bout de 17 ans. J’estime que le travail que je fournis mérite un meilleur salaire. On ne peut pas vivre avec 1300 euros. Heureusement qu’il y a les chèques vacances, sinon on ne pourrait pas partir en vacances.
On doit se débrouiller pour s’organiser dans notre travail car on nous laisse livrés à nous-mêmes. Alors que sans notre travail, l’établissement ne peut pas fonctionner.
Nos demandes restent sans suites. On ne nous répond pas. On ne se sent pas soutenus, on a l’impression de ne servir à rien.
J’ai 45 ans, j’ai le dos, les épaules et les bras en vrac. C’est la réalité."

Par C., Secrétaire

" Cela fait 12 ans que je suis là, en tant qu’Agent de bureau principal. Je m’occupe de l’accueil physique et téléphonique (un appel toutes les 4 minutes), des départs et des arrivées des jeunes tout au long de la journée, accueil des prestataires extérieurs, etc.
Il y a aussi tout l’administratif pur : facturation des prix de journée, factures fournisseurs, gestion de la caisse, traitement des mails (une centaine par jour), gérer le standard de l’établissement plus celui d’autres sites, gérer les dossiers de chaque jeune, présences, absences, les différents courriers, formulaires, attestations, etc, gestion des remplacements des salarié-e-s des services généraux, les affichages et la diffusion des différents documents institutionnels.
Avec le contexte sanitaire, je suis chargée en plus de la partie administrative des tests, accueillir et installer les infirmières, toute la partie autorisations parentales.
Quand je suis en télétravail, je m’occupe du classement des documents.
Je m’occupe aussi de toutes les liaisons administratives entre l’établissement et le siège de l’association.
Pendant 11 ans, j’ai eu la responsabilité de former des personnes en CAE (Contrat d’accompagnement dans l’emploi), ce qui représente pas mal de travail mais me soulage aussi. Là je n’ai plus de collègue au secrétariat. Il faudrait au moins un mi-temps supplémentaire. Il y a 101 jeunes accueillis et 69 salariés, 75 avec les stagiaires et contrats pros. Et je suis toute seule. Je ne peux pas tout gérer. Mes collègues dans d’autres établissements ont un temps plein pour parfois trois fois moins de charge de travail.
C’est devenu acquis, ancré dans les us et coutumes que je reste deux fois par semaine jusqu’à 19h au lieu de 17h. Mais si je ne le fais pas je me noie car ma charge de travail est incompressible.
Pour ce temps plein, avec cette charge de travail et 12 ans d’ancienneté, je gagne 1300 euros par mois. Je suis toute seule avec deux enfants, c’est compliqué. Je suis à découvert tous les mois. Je dois me priver pour ne pas priver mes enfants. "

Photo : © Collectif 320000 Invisibles