N° 1259 | Le 15 octobre 2019 | par Plume, assistante sociale | Espace du lecteur (accès libre)
Les 21 et 22 septembre se tenaient les troisièmes Rencontres nationales du travail social en lutte. Au-delà du constat d’attaques tout azimut sur nos métiers, la volonté de résistance reste forte.
Nous étions environ soixante-dix... Travailleurs sociaux de tous les horizons pour une rencontre nationale. Mais venus des quatre coins de la France... De Lille à Marseille en passant par Lyon. De Poitiers à Nancy en passant par Tours. Sans oublier l’Ile-de- France. Soixante-dix professionnels de tous les âges... D’étudiants en formation à professionnels à la retraite... Des professionnels de tous « profils »... Éducs ou assistants de service social pour la majorité. Venant de tous les secteurs d’intervention : protection de l’enfance, hébergement / insertion, santé / handicap en passant par la polyvalence de secteur. Syndiqués, non-syndiqués, appartenant à des instances de mobilisation ou venus « à titre individuel ». Sans oublier la présence de membres de l’association d’anciens enfants placés « Repairs ! » et de journalistes.
Toutes et tous étaient unis par le même constat « Le social va mal ». Hébergement : fermetures des accueils physiques pour « rationaliser les dépenses » et « objectiver les orientations », remises à la rue et sélection des publics justifiés par la situation irrégulière de certains publics... Mais des places pour enfermer les étrangers en centres de rétention. Protection de l’enfance : manque de places, taux d’encadrement inimaginables, politiques dissuasives envers les mineurs non accompagnés... Mais du budget pour construire des centres éducatifs fermés pour la « jeunesse délinquante ». Handicap : fermeture des établissements spécialisés et coupes budgétaires sous couvert d’« école inclusive ». Santé / psychiatrie : manque de moyens et tarification à l’acte sous couvert de rationalisation. Sans oublier le « fichage » des populations... Tout ceci associé à la précarisation des professionnels : casse des conventions collectives, déqualification, disqualification, recours massif aux vacations, à l’intérim voire à la sous-traitance.
À la dégradation de leurs conditions de travail : sous-effectif, turn-over des équipes, burn-out des collègues, lanceurs d’alerte dégagés ou aux prud’hommes. Ceci à coups de coupes budgétaires, de marchandisation du social et d’ubérisation du travail social. Le tout justifié par la bonne parole de nos dirigeants, véhiculée à coup de propagande médiatique. Le secteur social n’est même plus un simple « gâchis d’argent », il doit désormais être rentable. Le social est coûteux, il ne sert à rien, voire est préjudiciable à l’ensemble de la société... La protection de l’enfance crée des mineurs délinquants, le secteur de l’hébergement des « assistés incapables de s’insérer » et provoque un « appel d’air » de populations étrangères. Quand les secteurs du handicap et de la santé ne méritent pas tant de budget puisqu’il s’agit de favoriser l’inclusion et la rationalisation... Des travailleurs sociaux « atterrés » mais loin d’être résignés... Une mobilisation « à coups de scotchs » savamment découpés. Un ordre du jour minutieusement préparé. Des débats ouverts mais organisés et minutés. Des affiches en tissu mais aux slogans percutants. Un pot commun pour aider au financement de la journée. Des ventes à prix libres d’affiches et ouvrages divers. Et une bonne humeur au rendez-vous : « Et le social, il est à qui ? Il est à nous ! »
Une mobilisation pour échanger et déterminer des stratégies d’action. Des défis à tous les niveaux : temporel (associer mobilisations ponctuelles et continuité des luttes) ; géographique (coordonner nos actions, mais aussi les ancrer localement) ; sectoriel intersectoriel voire interprofessionnel (associer mobilisations sectorielles et actions nationales, actions centrées sur le secteur social et combats en lien avec l’ensemble de la société, convergence avec les secteurs de la santé, de l’Éducation nationale...). Par la diversité des moyens d’action : de la désobéissance à la grève des outils gestionnaires en passant par les opérations « coup de poing » Avec en toile de fond le souci de mobiliser nos collègues et de sensibiliser l’opinion publique. Un « échange » de savoirs, d’idées et de détermination. Nourri par les témoignages de membres du collectif Inter Urgences et de l’inter-collectifs La Chaîne des Bahuts ... Parce que NOS VALEURS N’ONT PAS DE PRIX...