N° 1260 | Le 29 octobre 2019 | Par Jean-Luc Boero, chef de service ASE | Espace du lecteur (accès libre)
Les acteurs de la protection de l’enfance sont en attente forte d’un réel plan d’action qui puisse réagir face l’engorgement des dispositifs, à l’éparpillement des mesures et aux réponses technocratiques souvent loin des préoccupations et des besoins réels. Pour autant, la réforme tant attendue ne doit pas viser uniquement les dispositifs, les charges de travail et la complexité du profil de certains jeunes. Elle doit aussi prendre en compte la place des familles, la pratique éducative dans les MECS, l’amendement du cadre de travail trop dispersé des professionnels, la prise en compte des attachements nécessaires qu’induit la relation d’aide entre les éducateurs et les jeunes. La réforme doit aussi intégrer les besoins de prises en charge diversifiées (séquentielles, par exemple). Elle doit aussi tendre vers une vraie ouverture du dispositif de protection de l’enfance au droit commun, en favorisant l’accueil par des tiers et la pair-aidance. La présence systématique d’avocats pour enfants aux audiences doit devenir obligatoire. Le statut rénové des cadres ASE et des coordonnateurs du projet pour l’enfant doit aussi être fortement promu, avec à la clé des formations labellisées et reconnues.
En effet, si l’évolution des pratiques professionnelles des établissements et des coordonnateurs ne s’adapte pas à la massification et à la complexification des situations, l’augmentation des moyens nouveaux serait vite rendue caduque par une nouvelle saturation des dispositifs. Cette réforme devrait aussi et surtout avoir comme axe fort et premier une vraie politique de prévention éducative. Les moyens en mesures de milieu ouvert et en prévention spécialisée devraient être démultipliés, car comme chacun le sait, plus on intervient tôt et rapidement de manière progressive voire intensive, plus on a de chances de rompre avec la souffrance sociale et éducative. Mais, une telle réforme nécessite du courage, des moyens et surtout une volonté politique qui aille au-delà de la simple médiatisation, plaçant au centre la consultation large et la reconnaissance de l’expertise des usagers et des professionnels de terrain. La mise en place de groupes de travail nationaux et la prise en compte des demandes des organisations professionnelles apparaît comme une nécessité absolue. L’approche du gouvernement est paradoxalement intéressante mais risque de se traduire, face aux dogmes financiers et économiques, par du saupoudrage et des mesurettes.