N° 1008 | Le 3 mars 2011 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Dans notre pays, 8 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit 908 € par mois, pour un adulte seul. Plus de 30 % des 1,8 million de familles monoparentales sont concernées par cette situation. C’est une chose de prendre connaissance de ces statistiques froides et cruelles. C’en est une autre d’être confronté aux personnes qui les incarnent. C’est le cas de ces assistantes sociales qui côtoient quotidiennement ces foyers dont les nécessités liées à la simple survie dépassent de loin les ressources disponibles.
Tel celui de Nelly Zin qui nous propose le récit de sa progressive descente en enfer : une histoire qui nous explique comment cette France qui se targuait, il y a encore peu, d’être le pays des nouveaux riches est devenue le pays des nouveaux pauvres. Cette jeune fille bien élevée de la classe moyenne commence son existence par une histoire d’amour insouciante. Avec 1500 € de revenus à deux, c’est loin d’être la fortune mais il est possible de tenter d’y arriver. Pas de dépenses dispendieuses : jamais de restaurant, ni de vacances. Un premier découvert est comblé avec les économies du livret d’épargne. Un deuxième est relayé par un prêt de 3 000 €, bientôt complété par un autre de 1 200 €. De l’argent mis à disposition immédiatement et si facile à dépenser. C’est les yeux fermés que l’on fait confiance à son banquier qui, capitalisant sur la crédulité, la jeunesse et le désarroi de ses clients, prête à des taux d’intérêt élevés.
Et puis, c’est l’engrenage : la naissance des deux enfants, la tension du couple, la séparation et le retour de Nelly Zin chez sa mère avec ses filles : à cinq, dans trois pièces, sans grandes perspectives d’évolution. Dans son département, les Yvelines, chaque année, on compte 28 000 demandes de logement sociaux et 1 000 attribués ! Et puis, il y a le dossier de surendettement d’un montant de 25 000 €, lié pour l’essentiel à des intérêts cumulés, des frais de procédure et des avis d’huissier. Comment se sortir de cet engrenage infernal ? Pour obtenir un logement, il faut posséder un emploi. Pour décrocher un emploi, il faut bénéficier d’un lieu d’accueil pour ses enfants. Et, pour que ses enfants soient gardés, il faut disposer d’un emploi.
Nelly Zin commencera néanmoins à s’en sortir, grâce à sa ténacité et à l’aide d’une association, Le Lien Yvelinois, qui lui propose un logement avec un système de bail glissant. Mais qu’il est difficile de tenir un budget équilibré quand, après les charges fixes et l’indispensable achat des couches et du lait pour ses enfants, il ne reste plus pour faire ses courses alimentaires que 120 € par mois, soit 3,90 € par jour, pour trois personnes.
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