N° 1274 | Le 26 mai 2020 | Critiques de livres (accès libre)
Combattre les mensonges
Le processus politique de destruction du système social français est en marche. Thomas Guénolé en décrit les détails.
Ce n’est plus à la société de fournir un emploi à chaque salarié, mais à lui d’en trouver un, le soupçon pesant sur lui de ne pas le vouloir. La baisse du taux de chômage quand l’économie redémarre est-il le signe qu’il y a alors moins de fainéants ?
Pour combler le trou de la sécurité sociale, on a responsabilisé le patient par l’augmentation du forfait hospitalier. Est-ce la perte de civisme qui a fait passer la qualité de nos hôpitaux en dix-septième place, alors qu’il était classé le meilleur du monde par l’OMS en 2000 ? Retarder l’âge de la retraite permet de rétablir une compétitivité lésée par les dépenses sociales. Travailler plus longtemps n’est-ce pas réduire l’espérance de vie des plus précaires, un cadre vivant jusqu’à 82 ans en moyenne, alors qu’un ouvrier ne dépasse pas les 76 ans ?
Privatiser permettrait aux services publics de bénéficier d’une stimulante concurrence. Pourquoi alors, cent quatre-vingt villes et collectivités dans le monde ont repris au privé le contrôle du service des eaux ?
La baisse du niveau scolaire montre les échecs de l’Education nationale. Comment expliquer que le taux d’illettrisme baisse avec l’âge : 4 % chez les 18-25 ans, contre 8 % chez les 46-55 ans et 12 % chez les 56-64 ans ?
La pression fiscale en France, l’une des plus fortes de l’OCDE, pèserait sur notre compétitivité. Comment comprendre alors que le montant des dividendes captés par l’actionnariat s’est accru de 11,8 % en 2016, alors que l’augmentation des salaires ne dépassait pas 1 % ?
L’auteur rappelle que dans l’histoire, tous nos acquis ont été obtenus grâce aux mouvements sociaux (1919-2020, 1936, 1 968). Il n’y a que par eux que l’on pourra les préserver.
Jacques Trémintin
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