N° 1274 | Le 26 mai 2020 | Critiques de livres (accès libre)
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On nous l’a dit et répété depuis des décennies : la France est le malade de l’Europe, cumulant un fort taux de chômage et une faible croissance. La cause ? Un code du travail trop rigide, des dépenses sociales dispendieuses et une compétitivité en berne.
Il est vrai que l’État social intervient, régule, organise, accompagne, redistribue. C’est lui qui a permis de maintenir en France le taux de pauvreté à 13,4 % contre une moyenne européenne de 17,4 %, de garantir jusqu’à peu la performance du système hospitalier et d’assurer la protection des salariés. Mais, il fallait engager des réformes courageuses permettant de s’adapter aux exigences de la mondialisation.
La politique de l’offre a été menée pour améliorer les marges des entreprises susceptibles d’être ensuite réinvesties et de créer des emplois. Pourtant, la productivité française est parmi les plus élevées au monde.
Les règles du marché du travail ont été assouplies. Mais, jamais aucune causalité n’a pu être établie avec ses effets sur le chômage (comme le montre la comparaison entre la législation et le taux de sans-emplois respectivement de l’Allemagne et de l’Espagne).
Les allègements de charges sociales ont été massifs. Or, une entreprise ne recrute pas en fonction du coût du travail, mais de son carnet de commande.
Les auteurs s’insurgent, en affirmant que le but d’une société n’est pas d’atteindre l’équilibre financier, mais d’assurer à sa population les meilleures conditions d’existence, une espérance de vie croissante, des ressources suffisantes, une couverture sociale ainsi que des conditions de sécurité et de logement satisfaisantes. Poussant leurs convictions utopiques jusqu’au bout, ils énumèrent comment toutes ces ambitions incroyables pourrait se décliner concrètement. Ahurissant, n’est-ce pas ?
Jacques Trémintin
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